Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, le 13 mars. / SERGEI KARPUKHIN / REUTERS

La Russie est « innocente » et « prête à coopérer » avec Londres dans l’enquête sur l’empoisonnement de l’ex-agent double russe Sergueï Skripal à condition d’accéder à la substance chimique en cause, a assuré mardi 13 mars le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. Par ailleurs, Moscou a convoqué, mardi, l’ambassadeur du Royaume-Uni en Russie, Laurie Bristow.

Sergueï Skripal et sa fille Ioulia ont été retrouvés le 4 mars dans un état critique sur un banc à Salisbury (sud de l’Angleterre), où M. Skripal vivait depuis un échange d’espions entre Moscou, Londres et Washington. Lundi, la première ministre britannique, Theresa May, a estimé « très probable que la Russie soit responsable » de ces empoisonnements.

Accusant Londres de « colonialisme », M. Lavrov a rejeté « l’ultimatum » lancé par Theresa May, qui a donné à Moscou jusqu’à mardi soir pour s’expliquer.

Selon M. Lavrov, la Convention sur l’interdiction des armes chimiques prévoit qu’en cas d’utilisation de substances interdites, une demande d’information soit envoyée au pays soupçonné d’en être à l’origine qui, à son tour, a le droit de procéder à ses propres analyses. « Nous avons exigé par une note officielle d’accéder à cette substance et (…) à tous les éléments de l’enquête, étant donné que l’une des victimes est la citoyenne russe Ioulia Skripal, a-t-il expliqué. Ces demandes ont été rejetées. »

Mme May, qui a souligné que l’agent innervant utilisé contre l’ex-espion et sa fille était une substance « de qualité militaire », du groupe des agents « Novitchok » mis au point par la Russie, a donné jusqu’à mardi soir à Moscou pour fournir des explications à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC).

« Vive préoccupation »

Ahmet Üzümcü, directeur général de l’OIAC, a exprimé mardi sa « vive préoccupation ». M. Üzümcü a indiqué s’être entretenu lundi par téléphone avec le ministre britannique des affaires étrangères, Boris Johnson, pour s’informer des résultats de l’enquête à ce stade. « Il est extrêmement inquiétant que les agents chimiques soient encore utilisés pour blesser les gens. Ceux qui sont à l’origine de cette utilisation doivent être tenus responsables de leurs actions », a-t-il poursuivi.

La Russie, qui a assuré l’an dernier avoir détruit son stock entier d’armes chimiques, a jusqu’à minuit pour s’expliquer sur l’empoisonnement de l’ex-espion, faute de quoi Londres a promis des mesures en représailles.

« Avant de poser des ultimatums, il vaut mieux respecter ses obligations en matière de droit international, en l’occurrence [ce que prévoit] la Convention, a dénoncé Sergueï Lavrov. Et pour ce qui est des bonnes manières, il faut se souvenir que l’époque du colonialisme est depuis longtemps révolue. » « J’ai dit ce que la Grande-Bretagne avait à faire avant que la Russie ne lui réponde. », a ajouté M. Lavrov.

Ambassadeurs convoqués

Moscou a convoqué mardi l’ambassadeur du Royaume-Uni en Russie, Laurie Bristow, en réponse aux accusations de Theresa May, a annoncé la diplomatie russe, sans plus de détails.

L’ambassadeur russe à Londres avait lui été convoqué lundi par le Royaume-Uni pour expliquer si l’empoisonnement de Sergueï Skripal et de sa fille était « une action directe de l’Etat russe » ou le résultat de la « perte de contrôle » de la Russie sur ses stocks d’agents innervant, selon Theresa May.

Ex-espion empoisonné : Theresa May juge « très probable que la Russie soit responsable »
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