La façade du siège de RTL à Paris, en octobre 2017, encore ornée de la sculpture de Vasarely. / FRANCOIS GUILLOT / AFP

Sans tambour ni trompette, ni fête extravagante, RTL quitte son siège de la rue Bayard, dans le 8e arrondissement de Paris, non loin des Champs-Elysées. La façade années 1970 conçue par Victor Vasarely avec ses lames en aluminium a déjà été démontée, offerte à la Fondation de l’artiste située à Aix-en-Provence. Le moment est historique, car la première radio généraliste de France occupait ces lieux – numéro 22 – depuis 1936.

Si certaines émissions phares, comme « Les Grosses têtes » animées par Laurent Ruquier, bénéficient d’un sursis – le temps que soit aménagé le studio qui accueillera à la fois l’animateur, ses complices, les invités et le public –, la rédaction, elle, fera ses adieux à la capitale au cours du week-end. Elle rejoindra les locaux flambant neufs de Neuilly (Hauts-de-Seine), où se trouvent déjà RTL2 et Fun Radio, juste en face de l’immeuble du groupe de télévision M6, leur nouveau propriétaire. Dimanche 18 mars, il est prévu que le journal de 18 heures soit diffusé depuis cette banlieue chic de Paris.

Avant ce départ, aucun grand raout, on marque le coup avec mesure : chaque service organisera son pot, et la rédaction comme les autres. Comme aussi la brasserie d’en face, Savy, présente depuis 1923 et qui va perdre de bons clients… Mais l’heure n’est pas à la nostalgie, explique-t-on rue Bayard. « Nous ne sommes pas nostalgiques parce que nous allons écrire une nouvelle page, explique au Monde Jacques Esnous, directeur de l’information de RTL. C’est comme un déménagement personnel : vous avez vécu des moments sympathiques, mais vous vous projetez sur un nouvel appartement, la vie continue. »

Craintes d’ingérence

Dans les colonnes du Figaro, le président du directoire de M6 Nicolas de Tavernost avait jugé que le déménagement, à l’image de l’intégration de RTL, se passait « extrêmement correctement ». Il avait cependant dû apaiser les craintes de la rédaction sur une éventuelle ingérence après avoir mis son veto à l’invitation de Jean-Pierre Pernaut, présentateur du 13 heures de TF1, un concurrent, sur l’antenne de la radio. « Nicolas de Tavernost a reçu les représentants des journalistes qui s’en étaient émus. C’était plus une question de forme que de fond », explique M. Esnous.

Ce départ de la rue Bayard marque aussi la fin programmée du « triangle des médias » dans ce quartier bourgeois de Paris. Non loin de là, une autre radio périphérique, Europe 1, prépare ses cartons pour un déménagement prévu à l’été. D’ailleurs, la rédaction de la radio du groupe Lagardère accueillera jeudi matin ses concurrents sur le départ dans ses locaux, rue François-Ier. Pas pour un pot, mais pour un petit-déjeuner : une dernière « fête des voisins ».