Il n’y a pas que la croissance qui influence le développement des MBA. La géopolitique peut parfois jouer un rôle non négligeable. Le Brexit a été un élément-clé dans la décision de Grenoble école de management (GEM) de s’installer à Berlin, de l’autre côté du Rhin. A l’automne 2017, GEM y a ouvert un campus, en partenariat avec la business school allemande Gisma de Hanovre. Elle y propose un MBA en management de projet.

« Nous voulons attirer des étudiants allemands, mais aussi européens et venant de l’Est », ­explique Jean-François Fiorina, directeur général adjoint de GEM. Deux Executive MBA ont déjà été ouverts à Moscou et Tbilissi, sur des demandes locales. Et un MBA combiné à un masters of science (MSc) en hôtellerie internationale va être créé en Suisse, en partenariat avec la grande école de gestion hôtelière Glion.

Une carte à jouer

« Le problème avec Londres, ­depuis le Brexit, c’est qu’on avait de plus en plus de difficultés à obtenir des visas pour nos étudiants, explique Phil Eyre, directeur des programmes MBA à la GEM. Récemment, six étudiants géorgiens ­devaient aller y passer une ­semaine : trois ont été refusés à cause des quotas. L’Allemagne a une vraie carte à jouer. Avec sa croissance économique forte, son besoin de main-d’œuvre et son ouverture internationale, le pays pourrait tirer parti de la situation. » Phil Eyre sait de quoi il parle : ­citoyen britannique, il vient d’obtenir la nationalité française.

« A Londres, nous n’avions que de petites salles de cours, c’est le jour et la nuit », Phil Eyre, directeur des programmes MBA à la GEM

Berlin, capitale administrative quasiment dépourvue de grandes entreprises, plus pauvre que les autres métropoles allemandes, justifie-t-elle l’investissement dans un nouveau MBA ? En raison de prix de l’immobilier nettement inférieurs à ceux de Londres, l’école grenobloise a pu s’installer dans des locaux très vastes, un ancien bâtiment de la compagnie des transports berlinois dans le quartier de Schöneberg. « A Londres, nous n’avions que de petites salles de cours, c’est le jour et la nuit », déclare Phil Eyre.

Berlin est de plus en plus attractive. La scène start-up exerce une fascination croissante, tant à l’international qu’en Allemagne. Même dans les régions industrielles d’outre-Rhin, longtemps sceptiques vis-à-vis de la capitale, on sent qu’il faut être là où « on trouve l’industrie créative, les start-up, l’économie sociale et solidaire, les organisations non gouvernementales, résume Thorsten Thiele, directeur de Gisma Business School. C’est une vraie complémentarité pour notre site de Hanovre, plus porté sur l’industrie traditionnelle (automobile, assurance, énergie…). Et nous pouvons faire profiter nos étudiants de nos contacts dans le tissu économique de Basse-Saxe. » Un plus incontestable pour son allié français GEM.

L’influence étrangère

Berlin a aussi gagné depuis quelques années le statut de ville courue pour la formation MBA. L’European School of Management and Technology (ESMT), implantée dans les anciens ­locaux du gouvernement de la RDA, et l’antenne allemande de l’ESCP Europe, l’école de commerce parisienne, grimpent dans les classements et exercent un effet d’entraînement sur les autres formations MBA dispensées en Allemagne.

Traditionnellement, les industriels allemands préféraient ­recruter des diplômés d’une formation technique pour les former eux-mêmes au management et à leur propre culture d’entreprise. C’est encore largement le cas au sein des grosses PME à gestion familiale, où l’attachement à la culture spécifique de l’entreprise et à la région joue un rôle déterminant. Mais l’influence croissante des filiales étrangères, notamment asiatiques, au sein de ces groupes, tend à changer la donne. « Les Allemands figurent parmi les premiers investisseurs en Asie. Pour se développer, les entreprises de taille moyenne recherchent des gens qui ont des compétences pratiques et une expérience internationale », explique Phil Eyre.

A Berlin, le MBA en management de projet vient s’ajouter aux huit parcours MBA déjà proposés par GEM sur ses divers campus ­internationaux (Paris, Londres, Singapour…). Le format temps plein (« full time ») permet aux étudiants de développer ou d’approfondir leurs connaissances en allemand, atout non négligeable pour travailler dans le pays. Un MSc en management de l’innovation est également proposé. « Il renvoie à la vocation technologique de l’école de Grenoble », poursuit M. Eyre. C’est aussi cette spécificité qui a tapé dans l’œil de Gisma, à Hanovre, pour nouer un partenariat avec Grenoble.

Participez au MBA Fair du Monde, samedi 17 mars à Paris

Le groupe Le Monde organise, samedi 17 mars, au palais Brongniart, à Paris, la huitième édition du MBA Fair, le Salon des MBA & Executive Masters.

Cet événement est destiné aux cadres qui souhaitent donner un nouvel élan à leur carrière, et renforcer leur employabilité. Sont attendus les responsables de plus de 35 programmes de MBA et d’Executive Masters parmi les plus reconnus des classements internationaux, dans des domaines variés : stratégie, marketing, finances, ressources humaines et management… Des conférences thématiques animées par un journaliste du Monde, ainsi que des prises de parole organisées par les écoles présentes sont également prévues.

L’entrée est gratuite, la préinscription est recommandée pour éviter l’attente.

Ce Salon sera précédé de la publication, dans Le Monde daté du jeudi 15 mars, d’un supplément sur les MBA, à retrouver également sur notre page Lemonde.fr/mba.