Les 24 heures accordées à Moscou pour s’expliquer sont écoulées. Faute de réponse à son ultimatum, la première ministre britannique Theresa May a annoncé, mercredi 14 mars, une série de sanctions contre la Russie, « coupable », selon Londres, d’avoir empoisonné l’ex-agent double russo-britannique Sergueï Skripal et sa fille Youlia sur le sol britannique.

« Cela constitue un usage illégal de la force par l’Etat russe contre le Royaume-Uni », a affirmé la première ministre devant les députés britanniques, avant d’annoncer, en conséquence, la « suspension des contacts bilatéraux » avec Moscou et l’expulsion de 23 diplomates russes du territoire britannique, dont le Royaume-Uni considère qu’ils sont « des agents du renseignement non déclarés ». « Ils ont une semaine pour partir », a ajouté Mme May, qui précise qu’il s’agit de la plus importante expulsion de diplomates depuis 30 ans. La Russie disposait jusqu’ici de 59 diplomates accrédités au Royaume-Uni.

« Nous allons donc suspendre tous les contacts bilatéraux de haut niveau prévus entre le Royaume-Uni et la Russie », a-t-elle encore dit, précisant que cela incluait « la révocation de l’invitation faite au ministre des affaires étrangères [Sergueï Lavrov] de visiter » le Royaume-Uni. Aucun ministre ou membre de la famille royale ne se rendra par ailleurs à la coupe du monde de football qui se tiendra en Russie du 14 juin au 15 juillet.

« Sarcasme, mépris et défiance »

Lors de son allocution, Mme May a dénoncé le « mépris » de la Russie.

« Il était juste d’offrir à la Russie l’opportunité de fournir une explication mais sa réaction trahit un mépris total pour la gravité de ces événements. Ils n’ont fourni aucune explication crédible. Au lieu de cela, ils ont traité l’utilisation d’un agent neurotoxique militaire en Europe avec sarcasme, mépris et défiance. »

Theresa May a également dit regretter « la voie » suivie par Vladimir Poutine en matière diplomatique.

« Beaucoup d’entre nous ont tourné leurs regards avec espoir vers la Russie post-soviétique. Nous voulions une meilleure relation et il est tragique que le président Poutine ait choisi de suivre cette voie. »

Une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU sur l’empoisonnement de Sergeï Skripal et de sa fille doit par ailleurs se tenir mercredi dans la soirée, à la demande du Royaume-Uni.

Accusations « sans preuves »

Le Kremlin a dit plus tôt mercredi qu’il « n’admet pas » les accusations « sans preuves » et les ultimatums de Londres.

Retrouvés inconscients le 4 mars sur un banc à Salisbury Sergueï Skripal et sa fille Youlia ont été hospitalisés dans un état « critique », après avoir été victimes d’une tentative de meurtre, selon les autorités britanniques. Un policier, intervenu sur place, se trouve lui dans un état grave.

Lannonce de la découverte à son domicile londonien du corps d’un autre exilé russe opposé au régime Poutine et portant, selon sa fille, des traces de strangulation, n’a rien fait pour détendre l’atmosphère. Encore moins le fait qu’il s’agit de Nikolaï Glouchkov, ancien dirigeant d’Aeroflot condamné en Russie pour détournement de fonds, proche de l’oligarque Boris Berezovski, lui-même retrouvé pendu dans sa salle de bains du Berkshire en 2013.