La présidente mauricienne, Ameenah Gurib-Fakim, au forum de Doha le 21 mai 2016. / KARIM JAAFAR / AFP

C’est un oui suivi d’un non. La présidente mauricienne Ameenah Gurib-Fakim a annoncé mercredi 14 mars qu’elle refusait de démissionner, contrairement à ce qu’avait annoncé la semaine passée le premier ministre Pravind Jugnauth. Mme Gurib-Fakim conteste les faits qui lui sont reprochés en lien avec un scandale financier. « N’ayant rien à se reprocher et pouvant apporter des preuves corroborantes, son Excellence Mme Ameenah Gurib-Fakim rejette toute perspective de démission », a annoncé dans un communiqué la présidence mauricienne.

Seule femme chef d’État en Afrique, la présidente mauricienne a également fait savoir qu’elle était « prête à intenter une action en justice pour se défendre contre les accusations calomnieuses qui la visent ». Le premier ministre Pravind Jugnauth avait annoncé vendredi que la présidente démissionnerait de ses fonctions « peu après les célébrations du 50e anniversaire de l’indépendance », qui ont eu lieu lundi, et avant la rentrée parlementaire, le 27 mars.

Engluée dans un scandale financier

Mme Gurib-Fakim, 58 ans, occupe son poste depuis juin 2015. Elle est depuis plusieurs jours sous forte pression, car accusée d’avoir utilisé une carte bancaire fournie par une ONG, Planet Earth Institute (PEI), pour effectuer des achats personnels. Le montant des dépenses (bijoux, chaussures de marque, etc) s’élève à au moins 25 000 euros, selon le quotidien mauricien L’Express. Mme Gurib-Fakim avait reconnu les faits, mais a affirmé avoir remboursé en mars 2017 l’argent utilisé à titre personnel.

Dans le communiqué publié mercredi, la présidence précise la défense de Mme Gurib-Fakim, en affirmant qu’elle a utilisé « par inadvertance la carte de PEI pour des dépenses extérieures au cadre de sa mission pour un montant global de 26 000 dollars » (21 000 euros). « Elle en a elle-même immédiatement informé le PEI et demandé un relevé détaillé. Elle a rigoureusement et aussitôt remboursé par virement bancaire ces dépenses spécifiques, mais aussi toutes les autres dépenses engagées par le PEI pour sa mission », ajoute le texte.

Dans un court message publié sur son site internet, PEI a confirmé que la présidente mauricienne avait bien remboursé les sommes concernées. Basée à Londres, cette ONG est financée par le milliardaire angolais Alvaro Sobrinho. Homme d’affaires proche du pouvoir angolais, poursuivi au Portugal et en Suisse, celui-ci a détourné plus de 600 millions de dollars de la Banco Espirito Santo Angola lorsqu’il dirigeait la banque, avait révélé début mars le journal en ligne français Mediapart. Alvaro Sobrinho a tenté plusieurs fois d’investir à Maurice, selon L’Express, ce qui avait déjà déclenché des polémiques.