C’est la question-clé que se pose forcément tout candidat à un MBA : quel bénéfice attendre de ce cursus ? Quelles retombées ­espérer – en termes de salaire, mais aussi de progression de carrière, de développement personnel ? Bref, quel « retour sur investissement » ?

Car les MBA coûtent cher : 25 000 euros, par exemple, à l’IAE Aix-Marseille, ou 29 100 euros à l’ICN de Nancy – et il s’agit de deux des moins onéreux. En version « full time » (temps plein), l’addition grimpe à 31 500 euros à Audencia, 40 000 à l’EM Lyon, 44 000 à l’Edhec, 66 000 à HEC et 83 000 euros à ­l’Insead. Et les Executive MBA affichant en général des tarifs un peu plus élevés. La facture atteint même 130 000 euros pour Trium, le « global MBA » commun à HEC, à la London School of Economics et à la New York Stern University…

Même si tous les participants ne paient pas l’intégralité de leur cursus (les entreprises, aide à la formation et autres bourses pouvant alléger la facture), l’addition est lourde. D’autant qu’aux droits de scolarité il faut ajouter les dépenses d’hébergement et de nourriture, les voyages, les frais annexes… Et surtout, la perte du salaire dans le cas d’un MBA « full time ». Un véritable investissement.

Bien sûr, une façon de réduire le coût total consiste à opter pour un Executive MBA (à temps partiel), qui permet de conserver son emploi, et donc sa rémunération, pendant la durée du programme. Ce qui explique la progression actuelle de ces EMBA, alors que les cursus à temps plein ­connaissent un relatif tassement.

Un MBA représente une charge de travail importante, sur une période longue. Pas question de s’engager à la légère, donc. Aussi les candidats font-ils leurs comptes avant de se lancer. Questions cruciales : de combien leur rémunération va-t-elle progresser à la sortie, ou dans les années qui suivront ? Combien de temps faudra-t-il pour « récupérer la mise » ? Difficile à déterminer à l’avance.

Un calcul complexe

« Le coût du programme n’est pas le premier critère de choix, constate Benoit Arnaud, directeur de l’Executive Education à l’Edhec. Les candidats veulent un juste retour de leur ­investissement et de leurs efforts. En moyenne, il faut près de cinq ans après un MBA aux Etats-Unis pour amortir la dépense. En Europe, où les MBA sont plus intensifs, c’est autour de trois ans et demi, parfois moins compte tenu du coût modéré de certains cursus comme le nôtre. Faire un MBA est une opération très rentable. »

A vrai dire, le calcul est complexe, car de nombreux paramètres interviennent. Ainsi, le pays où l’on travaille : le niveau des salaires, mais aussi le coût de la vie ne sont pas les mêmes aux Etats-Unis qu’au Sénégal ou en Chine. Et les écarts peuvent être considérables. Le secteur d’activité joue également − les banques d’affaires paient mieux, en général, que l’industrie. Et d’autres facteurs influent sur la rémunération : le ­niveau de responsabilité, la taille de l’entreprise… et le talent de négociateur du diplômé. Ne pas négliger, en outre, le niveau de protection sociale et la qualité des services publics (école, santé, transports…).

« En moyenne, les salaires de nos diplômés augmentent d’environ 30 %. » William Hurst, directeur d’Audencia Executive Education

La prudence est de mise quant aux classements publiés par la presse anglo-saxonne : ils privilégient le critère de la rémunération, mais sont moins attentifs aux autres ­paramètres. Sans compter que les déclarations des écoles sur les salaires de sortie sont parfois « optimistes »… Quid, aussi, des diplômés MBA qui font le choix de la création d’entreprise, acceptant de facto de voir leur rémunération limitée pendant plusieurs années ? Quid de ceux qui rejoignent une start-up, une PME ou une ONG ?

La France, 4e pays où les diplômés d’un MBA sont les mieux rémunérés. / Le Monde

Reste que le MBA n’en demeure pas moins un bon moyen de doper sa rémunération – en changeant d’employeur ou non. « En moyenne, les salaires de nos diplômés augmentent d’environ 30 % », assure ainsi William Hurst, directeur d’Audencia Executive Education. « Difficile de donner une progression moyenne, car les trajectoires professionnelles sont très diverses », nuance cependant Rhoda Davidson, professeur de stratégie à l’EM Lyon.

Des intérêts non financiers

Surtout, l’aspect financier n’est qu’un des aspects de la question du « ROI » (return on investment) d’un MBA. Si les participants se lancent dans l’aventure, ce n’est pas seulement pour « gagner plus ». « Ce qui les motive le plus, c’est d’accéder à de nouvelles responsabilités et de donner un nouvel élan à leur carrière », souligne William Hurst.

« Le critère de la rémunération arrive bien après celui de l’évolution professionnelle », confirme Sandra Richez, codirectrice du MBA de l’Edhec. « La majorité de nos participants ont entre 28 et 30 ans, indique de son côté ­Pascale Martin-Saint-Etienne, directrice du MBA « full time » de l’ESCP Europe. Ce sont des jeunes gens à ­l’esprit agile, qui parlent trois ou quatre langues. Ils veulent aller vite, et progresser dans leur carrière sans ­attendre la quarantaine. » Mais sur ce point, le « retour sur investissement » est encore plus délicat à ­mesurer : tout dépend du projet et des centres d’intérêt de chacun.

Le MBA n’est pas seulement une formation ou un moyen de ­doper son salaire. C’est aussi une expérience de vie.

Parfois, le projet professionnel se transforme durant le cursus. « Après une quinzaine d’années dans des multinationales, je voulais passer à autre chose, et par exemple diriger un service, raconte Odile Bocande-Koffi, diplômée en 2012 de l’EMBA ESCP Europe. Peu à peu, j’ai réalisé que j’aimais former et accompagner des gens. A la fin du programme, j’ai ­décidé de monter une structure de coaching pour dirigeants. »

Les objectifs personnels peuvent aussi évoluer avec le temps. « Passé un certain âge, il est difficile d’effectuer un bond significatif dans sa ­carrière, observe Nathalie Lugagne, directrice déléguée à l’Executive Education de HEC. Ce que nos participants recherchent avant tout, c’est une prise de recul, une vision transversale, une pensée critique. Certains ressortent totalement transformés de leur EMBA. »

Car le MBA n’est pas seulement une formation ou un moyen de ­doper son salaire. C’est aussi une ­expérience de vie au sein d’un groupe multiculturel, une période de remise en question professionnelle et même personnelle. « Ce type de programme ouvre de nouveaux horizons et débouche souvent sur des changements dans la personnalité, décrypte Valérie Madon, chargée de l’EMBA à l’ESCP Europe. Le gain en termes d’épaisseur et de maturité, l’épanouissement, le plaisir d’apprendre aussi, tout cela mérite d’être pris en compte. » Même s’il est difficile de l’évaluer avec précision.

Participez au MBA Fair du Monde, samedi 17 mars à Paris

Le groupe Le Monde organise, samedi 17 mars, au palais Brongniart, à Paris, la huitième édition du MBA Fair, le Salon des MBA & Executive Masters.

Cet événement est destiné aux cadres qui souhaitent donner un nouvel élan à leur carrière, et renforcer leur employabilité. Sont attendus les responsables de plus de 35 programmes de MBA et d’Executive Masters parmi les plus reconnus des classements internationaux, dans des domaines variés : stratégie, marketing, finances, ressources humaines et management… Des conférences thématiques animées par un journaliste du Monde, ainsi que des prises de parole organisées par les écoles présentes sont également prévues.

L’entrée est gratuite, la préinscription est recommandée pour éviter l’attente.

Ce Salon sera précédé de la publication, dans Le Monde daté du jeudi 15 mars, d’un supplément sur les MBA, à retrouver également sur notre page Lemonde.fr/mba.