Des agents électoraux pendant le dépouillement des bulletins du premier tour de la présidentielle, le 7 mars 2018, à Freetown, capitale de la Sierra Leone. / Cooper Inveen / AP

Les Sierra-Léonais devront choisir lors d’un second tour programmé le 27 mars entre les candidats des deux principaux partis du pays, selon les résultats officiels annoncés mardi 13 mars dans la soirée. Avec 43,3 % des suffrages exprimés au premier tour, le 7 mars, Julius Maada Bio, qui représente la principale formation d’opposition, le Parti du peuple de Sierra Leone (SLPP), devance légèrement Samura Kamara, candidat du Parti de tout le peuple (APC, au pouvoir), crédité de 42,7 % des votes valides.

Moins de 15 000 voix les séparent. Kandeh Yumkella, un ancien cadre du SLPP qui se présentait au nom d’une nouvelle formation, la Grande Coalition nationale (NGC), pourrait jouer le rôle d’arbitre entre les deux partis qui se succèdent au pouvoir depuis l’indépendance, en 1961. Il a recueilli au premier tour 6,9 % des votes valides, selon les résultats officiels.

Arrivé en tête avec 43,3 % des suffrages, Julius Maada Bio, 53 ans, avait déjà été candidat en 2012. Il avait été battu par Ernest Bai Koroma.

Cet ancien militaire s’est excusé pour l’exécution de plus de vingt personnes lors d’un coup d’Etat auquel il avait participé en 1992. Il avait lui-même pris le pouvoir en janvier 1996 en évinçant le chef de la junte, le capitaine Valentine Strasser, dont il était le vice-président. Trois mois plus tard, il avait rétabli le multipartisme, ce qui a redoré son image.

Il a ensuite étudié les relations internationales aux Etats-Unis. Connu pour son franc-parler, il a qualifié pendant la campagne de « supercheries » les projets d’infrastructures financés par la Chine que privilégie le parti au pouvoir.

Son adversaire au second tour, Samura Kamara, qui fait lui-même face à des soupçons de corruption, l’a accusé d’avoir détourné 18 millions de dollars (14,55 millions d’euros) lors de son passage de trois mois à la tête de l’Etat.

Le choix de Koroma

Economiste de 66 ans gravitant dans les allées du pouvoir depuis près de trente ans, Samura Kamara a été choisi par le président sortant, Ernest Bai Koroma, pour représenter sa formation, le Parti de tout le peuple (APC).

Après avoir été gouverneur de la Banque nationale de Sierra Leone (2007-2009) puis ministre des finances (2009-2012), il avait obtenu le portefeuille des affaires étrangères, qu’il a quitté en octobre 2017 pour se lancer dans la course à la présidentielle.

S’inscrivant dans la continuité de M. Koroma, qui le soutient ouvertement, il a promis lors d’un débat télévisé que l’APC « [ferait] plus dans les domaines des routes, de l’électricité, de la santé et de l’éducation ».

Selon l’analyste Lansana Gberie, Samura Kamara était le « technocrate préféré des politiciens et des militaires », y compris quand le pays était dirigé par des juntes. Peu connu du grand public, il devra miser sur la base traditionnelle de l’APC, dans la moitié nord du pays, et sur le soutien de M. Koroma pour espérer l’emporter le 27 mars.

Sierra Leone : a voté !