Pendant un rassemblement de l’opposition à N’Djamena en avril 2016. / ISSOUF SANOGO / AFP

Le gouvernement tchadien et les syndicats sont parvenus à un accord mercredi 14 mars au soir pour mettre fin à la paralysie du secteur public, en grève depuis fin janvier, suite à des mesures d’austérité.

« La suspension de la grève générale et la reprise du travail après le paiement effectif de tous les agents de l’Etat » et « la poursuite du dialogue entre les deux parties en vue d’instaurer un climat social apaisé dans le pays » sont prévues dans cet accord, signé mercredi par le gouvernement et la plate-forme syndicale revendicative. Cette organisation est à l’origine d’un mouvement massif de grève du secteur public tchadien depuis fin janvier.

Selon le texte, établi après deux semaines de négociations, les salaires de février de la fonction publique seront payés. Quelque 31 000 agents de l’Etat n’avaient pas perçu de revenu en février du fait de la grève. L’accord prévoit en outre l’application d’un moratoire de trois mois par les banques sur les emprunts contractés par les fonctionnaires.

Fonctionnaires fantômes

Si l’objectif de diminuer la masse salariale de 30 milliards de francs CFA (soit 45,7 millions euros) est conservé, des alternatives à la réduction des primes et/ou des indemnités des fonctionnaires seront étudiées, selon le texte. C’est cette réduction, en janvier, qui a été le déclencheur des mécontentements. Depuis les premières mesures d’austérité en 2016, les agents de l’Etat ont vu leur revenu final amputé d’un tiers.

« La suspension du recensement en cours » est également évoquée dans ce texte. Cet audit, qui doit mettre en lumière le nombre de fonctionnaires fantômes du pays – où l’on compte environ 92 000 agents civils de l’Etat –, était pourtant réclamé depuis plusieurs mois par les syndicats. Mais ces derniers souhaiteraient y être associés et ne veulent pas que le recensement soit réalisé uniquement par le ministère des finances, selon une source syndicale.

Chute des prix du pétrole

Depuis janvier, le climat social s’est tendu au Tchad, où la grève du secteur public a été accompagnée d’appels à manifester ou de marches interdites par les autorités.

N’Djamena, qui subit les conséquences de la chute des prix du pétrole, doit s’en tenir aux recommandations du Fonds monétaire international (FMI) et maîtriser sa masse salariale ainsi que régler des dettes extérieures pour débloquer les tranches de financement au titre de la facilité élargie de crédit et à hauteur de 312,1 millions de dollars (environ 252 millions d’euros).

Près de 40 % des plus de 14 millions d’habitants du pays vivent sous le seuil de pauvreté.