Sir Dave Brailsford avait été anobli par la reine en 2013, après les victoires des cyclistes britanniques aux JO de Londres en 2012. / Nico Vereecken

Il a été le grand artisan de l’envolée du cyclisme en Grande-Bretagne. Mais sa réputation de génie du management sportif est largement entamée par son rôle supposé dans l’affaire de dopage qui touche l’équipe Sky.

Lanterne rouge

Comme la plupart des coureurs britanniques jusqu’à la création du Team Sky, c’est en France que Dave Brailsford a tenté de lancer sa carrière cycliste : à 20 ans, il débarque seul à Grenoble avec son vélo. Installé dans la Loire, il apprend le français à défaut de percer dans le sport. Il n’y reviendra qu’à partir de 2010, en tant que manageur de la nouvelle équipe Sky.

« Sir » de la petite reine

Architecte de l’explosion du cyclisme de haut niveau en Grande-Bretagne, le Gallois jouissait d’une image de génie du management sportif, dispensant ses recettes miraculeuses dans des livres ou des conférences. Le succès des pistards aux JO de Londres et, pour la première fois, celui d’un Britannique – Bradley Wiggins – sur le Tour, en 2012, lui valent d’être anobli par la reine début 2013. Les succès de Christopher Froome ont complété sa légende.

Marqué à la culotte

Depuis plusieurs mois, la cote du manageur s’effondre dans son pays. Une commission parlementaire britannique vient de l’accuser d’avoir validé, sinon encouragé, la prise de corticoïdes par Bradley Wiggins à des fins dopantes, et non médicales (comme le permet l’Agence mondiale antidopage). Sa gestion du contrôle anormal de Christopher Froome sur la Vuelta 2017, qui menace le quadruple vainqueur du Tour, l’avait déjà fragilisé. La presse, qui l’adulait jadis, réclame sa démission. La chute est d’autant plus rude que Dave Brailsford promettait de réussir dans le cyclisme professionnel en rompant avec les méthodes du passé. Il avait instauré chez Sky une politique de «  tolérance zéro », et avait congédié de trois de ses directeurs sportifs en octobre 2012, lors des premières révélations sur l’affaire Lance Armstrong.

A l’insu de son plein gré

Lorsque les médias puis les parlementaires britanniques ont commencé à s’intéresser aux pharmacies du Team Sky, cet habile communicant a tenté d’empêcher la parution de révélations et oublié la transparence dont l’équipe avait fait un argument marketing. Patron omniscient, Dave Brailsford affirme pourtant avoir tout ignoré des traitements dont bénéficiait Bradley Wiggins.