Entretien

Programmer un match de Ligue 1 à l’heure du déjeuner dominical a-til été compliqué ?

Même si cet horaire perturbe les habitudes, Canal+ et beIn Sports, qui diffuseront le match en direct, ont bien compris l’importance de cette opération. Par rapport à d’autres pays européens, le football français est très en retard en matière de développement international. Pour développer la notoriété de notre championnat, la Chine est incontournable. Cet immense pays montre une appétence croissante pour le football, comme le prouvent les audiences des grandes rencontres de Premier League anglaise ou de Liga espagnole diffusées à l’heure du déjeuner en Europe et donc en début de soirée en Chine.

Avec la Fédération française de football, la Ligue a ouvert en février 2017 un bureau à Pékin. Parmi les deux salariés, on trouve l’ancienne directrice administrative de la NBA en Chine. La « marque » Ligue 1 se développe à grande vitesse sur les réseaux sociaux chinois. Ce match Nice-PSG, diffusé en direct à 20 heures en Chine, va renforcer notre visibilité. J’ajoute que la rencontre sera également diffusée en direct au Japon, en Thaïlande, en Malaisie, à Hong-Kong et à Singapour.

Vous pensez que cette affiche va attirer du monde ?

Les Chinois sont friands de marque. Et le PSG d’aujourd’hui, c’est un peu comme Vuitton. Nice est aussi une marque connue en Asie. La ville bien sûr, mais aussi le club local dont les actionnaires majoritaires sont chinois.

Ne pensez-vous pas que seul le PSG est « vendeur » à l’étranger ?

Non. Pour diverses raisons, des clubs comme l’Olympique lyonnais, l’AS Monaco ou l’Olympique de Marseille ont aussi du potentiel que nous devons développer à l’international.

Avez-vous d’autres opérations en vue pour séduire les Chinois ?

Fin mars, à l’occasion de la finale de la Coupe de la Ligue entre le PSG et Monaco, nous allons inviter une dizaine de médias chinois au match qui se déroulera à Bordeaux. Et la saison prochaine, nous diffuserons en Chine d’autres matches de L1 en direct.

La Ligue a t-elle des ambitions sur le continent américain ?

Bien sûr. L’arrivée de Neymar au PSG n’a fait que renforcer l’intérêt des médias brésiliens pour la Ligue 1, intérêt qui existe depuis quelques années avec la présence de nombreux joueurs sud-américains dans notre championnat. Sur le territoire nord-américain, nous partons de plus loin. Je me suis rendu aux Etats-Unis en janvier, en compagnie notamment de Youri Djorkaeff et Didier Drogba, nos « ambassadeurs ». J’ai tenté de flécher des investisseurs américains vers la France plutôt que l’Angleterre, ce qui n’est pas simple ! La Premier League est très populaire aux Etats-Unis, la Ligue 1 beaucoup moins. Mais nous allons y arriver. Et le décalage horaire avec le continent américain est plus facile à gérer qu’avec l’Asie.

Pour « vendre » la Ligue 1 à l’étranger, faut-il améliorer la qualité du « produit » télévisé ?

Nous y travaillons avec les diffuseurs et les clubs. Afin de proposer un rendu plus dynamique, plus immersif dans le match, nous avons changé des angles de captation, les placements de certaines caméras. Nous demandons aux clubs de remplir la tribune (et son éventuel premier niveau) située face à la caméra principale. Les clubs savent que les droits TV sont stratégiques. Mais dans certains stades, vieillissants et donc peu adaptés, le travail est difficile.