Laurent Wauquiez a testé un nouveau format de communication, lundi 12 mars, en répondant aux questions des internautes lors d’un Facebook Live. L’occasion, entre autres, de dévoiler ses goûts en matière de cinéma. Le président du parti Les Républicains (LR) place au firmament de son panthéon personnel le film Rogue One, tiré de la saga Star Wars : « J’adore ce moment où ils disent : “Les rebellions reposent sur l’espoir.” » Et de l’espoir, il en faut en ce moment au président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, alors que les mauvais sondages le concernant se multiplient.

Selon le tableau de bord IFOP-Fiducial pour Paris Match et Sud Radio, publié mardi, M. Wauquiez perd ainsi 16 points d’opinions favorables en un mois auprès de l’électorat de droite, et passe derrière sa rivale Valérie Pécresse. La présidente de la région Ile-de-France gagne, dans le même temps, 11 points, et émarge à 67 % de bonnes opinions, contre 58 % pour le président de LR. La dégringolade était déjà similaire pour M. Wauquiez dans deux autres sondages, publiés début mars par les instituts Elabe et Kantar Sofres-Onepoint, qui l’enregistraient respectivement en baisse de 16 et 13 points auprès de l’électorat de droite.

Ce coup d’arrêt intervient alors que le quadragénaire se trouvait pourtant depuis le début de l’année sur une pente ascendante. Il est clairement imputable à la polémique née de ses déclarations, mi-février, devant des étudiants de l’EM Lyon, dans lesquelles il s’en prenait notamment à Nicolas Sarkozy, l’accusant d’avoir placé sur écoutes ses ministres lors de son quinquennat. « C’était dangereux. Nicolas Sarkozy est au firmament de sa popularité à droite », souligne un cacique de LR.

Afin de clore définitivement l’incident – M. Wauquiez s’est déjà excusé pour ses propos à plusieurs reprises – et avant son prochain cours à l’EM Lyon, vendredi et samedi, les deux hommes se sont vus, mercredi, dans les bureaux parisiens de l’ancien chef de l’Etat. Mais M. Sarkozy a aussi rencontré Mme Pécresse, le 8 mars, et devait accompagner, jeudi, dans le Nord, le ministre de l’action et des comptes publics, Gérald Darmanin, pour remettre la Légion d’honneur au maire de Tourcoing, Didier Droart. Soit, d’un côté la rivale interne chez LR de M. Wauquiez, et de l’autre son adversaire honni. Une manière pour l’ancien président de la République de montrer sa « liberté », comme le rappelle un proche, même s’il soutient le président de LR.

« La route est longue »

Outre le « cas » Sarkozy, la charge de Laurent Wauquiez consiste aussi et surtout à se réinstaller dans un rôle d’opposant audible à Emmanuel Macron. « Il y a un trou d’air pour l’exécutif aussi, tient à se rassurer Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat. Nous sommes sur un faux plat, mais cela vaut pour tout le monde. Avec un tourbillon de réformes dont on a du mal à voir le sens. » « La route est longue, ajoute de son côté Damien Abad, vice-président de LR. Mais on a réussi à imposer deux, trois sujets, comme la fracture territoriale ou les retraités. »

Laurent Wauquiez a insisté sur ces deux thématiques, mercredi, à l’occasion d’un déplacement effectué dans le Loiret pour soutenir Jean-Pierre Door, candidat LR à une élection législative partielle qui doit se tenir dimanche 18 mars. Fustigeant conjointement le « jeunisme » et le « parisianisme » d’Emmanuel Macron, le président de LR a affirmé un « soutien total » au mouvement de colère des retraités, qui devaient manifester jeudi, notamment pour protester contre la hausse de la CSG. « Dans cette politique qu’il mène, il y a trop d’oubliés, de sacrifiés, de laissés-pour-compte. Cette politique est faite pour les premiers de cordée, a dénoncé M. Wauquiez lors d’une réunion publique organisée à Montargis devant près de 300 personnes. Ce n’est pas pour rien qu’il s’en prend aux retraités. C’est parce qu’ils n’ont pas les moyens de se faire entendre, ce sont des victimes faciles. »

Un peu plus tôt dans la journée, le patron de LR avait visité une entreprise, puis une chèvrerie : une manière de continuer à polir son image d’élu proche du terrain. Deux rendez-vous lors desquels l’intéressé s’est refusé à évoquer son entrevue du matin avec Nicolas Sarkozy. « Je ne commente jamais mes discussions particulières », a évacué M. Wauquiez. « Il faut que Nicolas Sarkozy explique pourquoi il va avec Darmanin », estime néanmoins son entourage, alors que le ministre a claqué la porte de LR en 2017 pour rejoindre Emmanuel Macron. Les rebellions se nichent décidément partout.