Didier Deschamps, en juin 2016. / VINCENT KESSLER / REUTERS

L’auditorium du siège parisien de la Fédération française de football (FFF), sis boulevard de Grenelle, devrait être archicomble ce jeudi 15 mars aux alentours de 14 heures. Rompu à l’exercice, Didier Deschamps divulguera aux médias la liste des joueurs convoqués pour les rencontres amicales programmées contre la Colombie, à Saint-Denis, le 23 mars, et face à la Russie, pays hôte de la prochaine Coupe du monde (14 juin-15 juillet), quatre jours plus tard, à Saint-Pétersbourg.

Le sélectionneur de l’équipe de France effectuera là sa dernière revue d’effectif avant de publier la liste des 23 éléments retenus, mi-mai, pour le Mondial. Sans se départir de la langue de bois, Deschamps a commencé à avancer prudemment ses pions, jugeant par exemple mardi sur La Chaîne L’Equipe que « l’idéal, c’est de doubler les postes ».

La liste de mars préfigure souvent celle de mai

Sa liste sera sensiblement différente de la précédente, en novembre 2017, en raison des blessures de l’attaquant lyonnais Nabil Fekir, touché au genou, de l’avant-centre Alexandre Lacazette, de l’ailier du Bayern Munich Kingsley Coman (cheville) et du latéral droit Christophe Jallet (mollet). L’incertitude règne également autour de la présence de Corentin Tolisso, bluffant en sélection à l’automne dernier. Le milieu du Bayern Munich souffre d’une contusion sévère au tibia après un choc subi contre Hambourg, le 10 mars, en Bundesliga.

Ces blessures perturberont la lecture de la liste mais elle sera tout de même analysée avec d’autant plus d’attention que sa liste du mois de mars préfigure celle divulguée en mai. Ce fut le cas avant le Mondial 2014 et l’Euro 2016, bien qu’il y a deux ans le patron des Bleus avait dû reconfigurer son effectif en raison des forfaits de dernière minute de Lassana Diarra, Jérémy Mathieu et Raphaël Varane.

Voici, ligne par ligne, les cas qui posent encore question à trois mois du Mondial.

  • Défense : qui à gauche ?

Du côté des défenseurs centraux, le Barcelonais Samuel Umtiti, le Madrilène Raphaël Varane, le Parisien Presnel Kimpembé et le « Gunner » Laurent Koscielny, en difficulté avec Arsenal, devraient être appelés. L’incertitude concerne les latéraux. En l’absence de Benjamin Mendy, qui vient seulement de reprendre l’entraînement et compte bien revenir en forme à temps pour le Mondial, personne ne s’est tout à fait imposé. Le Marseillais Jordan Amavi (24 ans) sera-t-il appelé comme en octobre ? Layvin Kurzawa pâtira-t-il de son statut de remplaçant – pour les grands matchs – au PSG ? Lucas Digne, dans la même situation au FC Barcelone, devrait être retenu.

Qu’en sera-t-il du néophyte et polyvalent Benjamin Pavard, 21 ans, sélectionné en novembre ? Dans les colonnes de France Football, l’arrière de Stuttgart a récemment déclaré qu’il était prêt à tout pour figurer dans la liste des 23. « S’il le faut, je suis prêt à être gardien. Même remplaçant, ça me va », a ironisé le jeune homme. Deschamps a par ailleurs indiqué qu’il suivait de près le retour au premier plan du latéral droit Mathieu Debuchy, recruté par Saint-Etienne en janvier et absent en sélection depuis septembre 2015.

  • Milieu de terrain : la nouveauté Nzonzi ou les anciens Sissoko et Diarra ?

Au milieu de terrain, Blaise Matuidi, impressionnant avec la Juventus Turin, le Parisien Adrien Rabiot et N’Golo Kanté (Chelsea) seront convoqués. Quoique relégué sur le banc des remplaçants à Manchester United et au bord de la rupture avec son entraîneur José Mourinho, Paul Pogba le sera également. Derrière ces incontournables, de nombreux prétendants : déjà présent en novembre, le Sévillan Steven Nzonzi, qualifié pour les quarts de finale de la Ligue des champions, sera-t-il de retour ? On voit mal Deschamps sacrifier son « fidèle soldat » Moussa Sissoko, remplaçant à Tottenham, tandis que le sélectionneur a déclaré à La Chaîne L’Equipe suivre les performances de Lassana Diarra, absent en sélection depuis juin 2016 et recruté par le PSG en janvier.

  • En attaque : des surprises possibles

Malgré la cascade de blessures enregistrée, le Bayonnais a l’embarras du choix en ce qui concerne sa ligne d’attaque. Au gré de ses interviews, le sélectionneur vient de conforter publiquement Antoine Griezmann, son « leader d’attaque », en perte de confiance au cœur de l’hiver mais qui a retrouvé la réussite dernièrement. Dans la même logique, il devrait convoquer Olivier Giroud, qui a tenté de se relancer en janvier en quittant Arsenal pour Chelsea. Le Mancunien Anthony Martial pourrait, lui, profiter des absences de Kingsley Coman et Nabil Fekir pour avoir du temps de jeu contre la Colombie et la Russie.

Longtemps blessé avec le FC Barcelone, le prodige Ousmane Dembélé devrait faire son retour en sélection et ainsi retrouver son complice Kylian Mbappé, qui a vécu des dernières semaines contrastées avec le PSG. Touché à la cheville, le Marseillais Florian Thauvin est incertain. Son coéquipier en club, Dimitri Payet, semble monter en puissance et devrait être convoqué.

C’est bien en attaque que Deschamps pourrait surprendre les observateurs. Buteur lors du dernier derby écossais face aux Rangers, le joueur du Celtic Glasgow Moussa Dembélé, 21 ans, a reçu une préconvocation et son cas retient particulièrement l’attention du patron des Tricolores. Mais Wissam Ben Yedder, auteur d’un doublé lors de la qualification (2-1) du FC Séville contre Manchester United, pourrait avoir séduit le technicien avec ses 19 buts inscrits en Espagne (toutes compétitions confondues).

En tête du classement des buteurs (25 réalisations) du championnat turc, Batefimbi Gomis, 32 ans, brille aussi avec le club stambouliote de Galatasaray et postule toujours à une place au sein du groupe tricolore. L’ex-Lyonnais et Marseillais n’a plus été retenu avec les Bleus depuis juin 2013.

Concernant le cas sensible de Karim Benzema, barré en sélection depuis novembre 2015 et sa mise en examen dans l’affaire du chantage à la sextape fait à son coéquier Mathieu Valbuena, Deschamps a préféré ironiser. « Karim Benzema regardera-t-il le Mondial devant sa télévision ? », lui a-t-on ainsi demandé. « Je ne sais pas, je n’ai pas encore choisi. Il y en a beaucoup qui seront devant la télé », a pouffé le Basque, qui semble avoir définitivement tiré un trait sur l’attaquant du Real Madrid.

Ultime virage avant le Mondial russe

Après ces deux « sorties » de mars, Deschamps disposera encore de plusieurs semaines pour phosphorer devant son tableau noir. Selon les règlements, chaque pays qualifié pour le Mondial devra fournir à la Fédération internationale de football (FIFA) une liste comprenant au maximum trente-cinq joueurs pour le 14 mai. Le casting définitif devra être arrêté avant le 4 juin.

Dans cet ultime virage avant le Mondial russe, les Bleus affronteront en matchs préparatoires trois nations non qualifiées pour le tournoi : l’Eire (le 28 mai au Stade de France), l’Italie (le 1er juin à Nice) et les Etats-Unis (le 9 juin à Lyon). Ils rallieront ensuite leur camp de base à Istra, ville située dans la région de Moscou.

L’œil rivé sur les demi-finales, l’objectif fixé par la Fédération française de football, l’équipe de France défiera ensuite l’Australie (16 juin), le Pérou (21 juin) et le Danemark (26 juin) lors d’un premier tour particulièrement abordable.