Un manifestant contre la fermeture de l’usine Ford de Blanquefort, à Bordeaux, le 9 mars. / GEORGES GOBET / AFP

La direction de Ford Europe a renoncé à se rendre à Blanquefort (Gironde), jeudi 15 mars, alors qu’elle devait y informer le personnel sur l’avenir du site et de ses 910 salariés, que le constructeur abandonnera après 2019, invoquant des craintes sur la « sécurité » de ses représentants.

« Il y a eu la semaine dernière lors de la tenue du comité de suivi à la préfecture un certain nombre d’incidents qui ont été menés par quelques manifestants et qui ont perturbé le départ des véhicules qui transportaient les représentants de Ford Europe », a déclaré la direction de la communication de Ford.

« Il y a bien eu une manifestation mais pas d’incident », a pourtant assuré la préfecture de la Gironde, qui accueillait le 9 mars à Bordeaux cette réunion rassemblant l’Etat, la direction du constructeur automobile, les syndicats et élus locaux.

Pour la direction de Ford, « le but du comité d’établissement aujourd’hui [jeudi] est principalement de confirmer un certain nombre de données chiffrées et de discuter de l’équipe dédiée qui sera en charge de la recherche d’un repreneur » pour le site de production de boîtes de vitesses de Blanquefort.

« Quel mépris des salariés ! »

La réunion qui devait avoir lieu aujourd’hui se fera donc par téléphone. Une décision qui a outré les syndicats de l’usine. « Quel culot et quel mépris des salariés ! », a réagi dans un communiqué la CGT de Ford.

« Ces dirigeants font un grossier cinéma et tentent ainsi d’inverser les rôles. En vrai, c’est la multinationale qui menace aujourd’hui 900 emplois directs et 3 000 emplois induits. C’est Ford qui met en danger autant de salariés et de familles. »

La CGT a décidé de boycotter la visioconférence avec la direction de Ford Europe et appelé à un « débrayage » avec d’autres syndicats.

Selon les syndicats, Ford a reçu au total 50 millions d’euros de financements publics en échange de la garantie de maintenir un millier d’emplois sur le site pendant cinq ans. Mais l’accord s’achève fin mai, ce qui, selon élus et syndicalistes, n’est pas étranger à l’annonce de Ford Europe, le 27 février, de quitter son usine girondine.