Le spectacle « PacifikMeltingPot » est porté par dix artistes  de Nouvelle-Calédonie, Nouvelle-Zélande et Japon. / JOÃO GARCIA

Depuis « Very Wetr ! », en 2012, au Festival d’Avignon, la chorégraphe Régine Chopinot n’avait plus donné de nouvelles. La revoilà avec PacifikMeltingPot, performance rare portée par dix artistes de Nouvelle-Calédonie, Nouvelle-Zélande et Japon, fruit d’un très long voyage dans l’hémisphère Sud entamé en 2009. « Après avoir quitté le Centre chorégraphique national de La Rochelle, que j’ai dirigé de 1986 à 2008, j’ai eu envie de questionner mon travail en observant comment d’autres danseurs ou chanteurs transmettent leur art, raconte-t-elle. Intuitivement, je suis allée vers le plus grand continent liquide de la planète, l’océan Pacifique, à la rencontre de cultures insulaires. »

Mise en commun des cultures

Régine Chopinot a toujours surpris et séduit sans jamais s’enfermer dans aucune catégorie. Elle a ainsi travaillé avec de nombreux artistes, tous surprenants, comme Jean Paul Gaultier, ou Françoise et Dominique Dupuy, pionniers de la scène chorégraphique depuis les années 1950, en maintenant le cap de son art. En compagnie des vidéastes João Garcia et Jean-Baptiste Warluzel, Régine Chopinot a d’abord atterri à Nouméa, avant de filer sur l’île de Lifou, pour rencontrer un groupe de musiciens. De fil en aiguille, elle arrive à Wellington, en Nouvelle-Zélande. Là encore, une troupe l’accueille pour troquer des histoires, des chants… Au hasard de son retour en France, elle fait un stop à Tokyo et retrouve des complices de création. « Dans chaque groupe, nous avons mis en commun des paroles, des rythmes, des langues qui se sont peu à peu transformés, poursuit-elle. Des chants maoris étaient dits en kanak, revisités en japonais. C’est comme en cuisine, on mélange, on laisse faire le temps. »

PacifikMeltingPot - Régine Chopinot
Durée : 01:59

Après trois ans d’échanges, le spectacle s’élabore peu à peu. « À force de rendez-vous, nous avons accumulé beaucoup de matériaux. Le temps est un tamis très efficace. Certains éléments résistent à la durée, d’autres s’évanouissent. » Encore fallait-il pouvoir finaliser cette « réunion d’artistes » selon la formule de Chopinot. Car cette gestation au long cours, qui a rassemblé ponctuellement une quarantaine de personnes dont les noms sont énumérés pendant le spectacle, a généré une économie particulière. « Nous avons passé des mois entiers sans nous voir pour que je puisse l’année suivante mettre au point des rencontres dans l’un ou l’autre pays, explique-t-elle. Nous avons été mis à l’épreuve du temps et de l’éloignement géographique. » PacifikMeltingPot a d’abord été créé au Japon en 2015, puis à Nouméa en 2016. « Lorsque nous nous retrouverons pour cette tournée française, il y aura un an et demi que nous ne nous serons pas vus, glisse-t-elle. PacifikMeltingPot est comme un serpent de mer : parfois il se montre, parfois il replonge dans les profondeurs sous-marines mais il continue à être là, à me travailler. »

« PacifikMeltingPot », de Régine Chopinot, MC93, 9, bd Lénine, Bobigny (93), du 16 au 20 mars. www.mc93.com ; et à la MC2 de Grenoble du 22 au 24 mars. www.mc2grenoble.fr