Sébastien Leclerc sur son affiche de campagne lors des législatives 2017. Parmi ses soutiens, Virginie Le Dressay, sœur du dirigeant d’Eugen Systems. / Capture d'écran

Le député LR du Calvados, Sébastien Leclerc, a-t-il profité de son mandat public pour favoriser les intérêts privés de la famille d’une proche collaboratrice ? La question se pose après l’intervention du parlementaire le 6 mars. Dans une question adressée à la ministre du travail, Muriel Pénicaud, M. Leclerc a ouvertement appelé à « mettre fin à [la] prise en otage » de l’entreprise de jeu vidéo Eugen System, dont les salariés sont en grève depuis le 14 février.

Il évoque des grévistes mobilisés « pour contester des éléments de leurs contrats de travail », rendus à « la neuvième grève que connaît cette entreprise depuis le printemps 2016 », organisée le jeune Syndicat des travailleurs du jeu vidéo, qu’il serait, selon lui, « tout à fait possible [d’]enregistrer également en tant que parti politique anarchiste ». Et de se désoler :

« [Je] regrette l’impact que ces mouvements ont sur l’activité de l’entreprise Eugen Systems, entreprise française indépendante, ayant fait ses preuves depuis vingt ans dans un secteur hautement concurrentiel. »

Problème, Sébastien Leclerc fréquente les mêmes bancs que… la sœur du dirigeant d’Eugen Systems, Virginie Le Dressay, conseillère du Calvados.

Ancien vice-président du conseil départemental du même département, Sébastien Leclerc appartient à la même famille politique (UDI, DVD) que Virginie Le Dressay. Se connaissent-ils ? Oui. Il est ami Facebook avec la conseillère du Calvados ; ils ont fréquenté les mêmes instances, comme le conseil d’administration du Service départemental d’incendie et de secours du Calvados en 2014 ; et ont défilé dans les mêmes manifestations, comme celle des élus du pays d’Auge contre la loi Allur en 2015.

Un lien d’intérêt existe-t-il entre eux ? Oui, également : Virginie Le Dressay a été une des soutiens politiques de Sébastien Leclerc pour sa campagne aux législatives 2017.

Selon les règles de déontologie de l’Assemblée nationale, un conflit d’intérêts est défini comme « une situation d’interférence entre les devoirs du député et un intérêt privé qui, par sa nature et son intensité, peut raisonnablement être regardée comme pouvant influencer ou paraître influencer l’exercice de ses fonctions parlementaires ».

Contactés par Le Monde, ni Sébastien Leclerc, ni Virginie Le Dressay, ni Cédric Le Dressay n’ont donné suite à nos questions.