Le jeudi 15 mars, la Maison de Radio France à Paris a accueilli le Grand Prix lycéen des compositeurs 2018 et son lauréat : il s’agit du Français Jean-Baptiste Robin, né le 5 octobre 1976 à Clamart (Hauts-de-Seine), auteur en 2013 de Mechanic Fantasy, pour orgue, timbales et orchestre à cordes. L’œuvre a recueilli la majorité des suffrages des lycéens, mais aussi des professeurs, ce qui n’avait pas été le cas en 2017 : les adolescents avaient primé le concerto pour piano Different Spaces du jazzman et compositeur Baptiste Trotignon tandis que leurs professeurs plébiscitaient Edith Canat de Chizy et sa Pierre d’éclair, une pièce pour orchestre composée en 2010.

Créé en 2000 par le magazine La Lettre du Musicien en partenariat avec l’association Musique nouvelle en liberté qui en a seule repris le flambeau depuis 2012, ce prix est assorti d’une dotation de 9 000 euros qui comprend la rémunération d’une commande pour l’année suivante. Ainsi Baptiste Trotignon a-t-il entendu, ce 15 mars, la création de Hiatus et turbulences, pour orchestre, interprétée par l’Orchestre philharmonique de Radio France, sous la direction de Marzena Diakun.

Le Grand Prix lycéen des compositeurs est validé par quelque 3 000 lycéens répartis dans toute la France. Élèves des classes de seconde, première et terminale (option musique, en général), ils sont appelés à choisir entre six œuvres parues au disque au cours de l’année précédente, elles-mêmes sélectionnées par un jury convaincu de neutralité esthétique. Les compositeurs rencontrent ensuite leurs électeurs – cette année, outre le sieur Robin, Luca Antignani (Trio del sogno e del gabbiano, pour violon, violoncelle et piano, 2014), Bechara El-Khoury (Espaces-Fragmentations, poème symphonique n° 6 op. 87, pour orchestre, 2011), Eric Montalbetti (Un herbier pour la vie, pour violoncelle seul, 2007), Zad Moultaka (Maadann, pour 8 chanteurs, piano à 4 mains, cymbalum et percussions, 2011) et Brice Pauset (Das Dornröschen, pour quatuor à cordes solo, deux chœurs et grand orchestre, 2012).

« Une mystérieuse musique des sphères »

Le plus important reste cependant le travail de l’enseignant chargé de faire écouter les œuvres et d’aider les élèves à formuler leur opinion, un exercice qui contribue au développement de l’oreille musicale, de la capacité d’analyse et permet d’engager une réflexion sur l’art et la création. Bien que les dix-neuf éditions aient distingué des écritures aussi différentes que celles de Thierry Escaich (2002), Martin Matalon (2007), Benjamin de la Fuente (2010), Kaija Saariaho (2013), Eric Tanguy (2014) ou Baptiste Trotignon (2017), le Grand Prix lycéen des compositeurs, longtemps soupçonné de flirter avec le néo-tonalisme, a eu du mal à se forger une image avant-gardiste – débat qui n’a sans doute plus la même acuité aujourd’hui qu’il y a vingt ans.

Quant à Jean-Baptiste Robin, ancien élève au King’s College de Londres après cinq premiers prix obtenus au Conservatoire de Paris, également organiste concertiste – actuellement l’un des titulaires de l’orgue de la Chapelle royale du château de Versailles –, il compte une quarantaine de pièces à son catalogue, dont Mechanic Fantasy, qui témoigne, dit-il, de sa fascination pour l’horlogerie mécanique : « Depuis les grandes horloges d’églises jusqu’aux montres automatiques récentes, ces objets mesurent le temps et semblent lui donner vie, comme une mystérieuse musique des sphères. » Après avoir tenu la partie d’orgue pour la création de son œuvre à Cabourg, le 7 juin 2013, avec l’Orchestre régional de Normandie, son commanditaire, sous la direction de David Wroe, Jean-Baptiste Robin a gravé Mechanic Fantasy pour Brilliant Classics avec le même orchestre, sous la direction de Jean Deroyer. Rendez-vous est désormais pris par le Grand Prix lycéen des compositeurs pour une nouvelle création en 2019.

Sur le Web : www.gplc.musiquenouvelleenliberte.org/edition/2018