C’est une première depuis quatre-vingt-cinq ans : les fonctionnaires de la principauté d’Andorre sont en grève pour protester contre une réforme de la fonction publique. Au deuxième jour de mobilisation, vendredi 16 mars, plus de 400 fonctionnaires, sur près de 3 000 que compte la principauté, ont défilé à Andorre-la-Vieille, la capitale, le long de la route principale traversant le pays.

Présenté par le gouvernement comme « une avancée dans les conditions de travail », le projet de réforme est censé permettre une plus grande flexibilité. « Nous voulons un peu plus de négociations », a réclame de son côté le président du Syndicat des pénitenciers, Sergi Teixeiran. Les syndicats demandent notamment la semaine de travail à 35 heures. Une pétition qui appelle à la démission du chef du gouvernement a également été lancée.

En fin de matinée, les manifestants ont déposé un recours contre le décret gouvernemental instaurant un service minimal, qu’ils jugent « abusif ». Publié mardi, ce décret extraordinaire a pour objectif de « garantir des services minimaux durant les journées de grève de façon à rendre compatible l’exercice de ce droit avec le fonctionnement des services publics et le respect des libertés publiques ».

Un seul défilé du 1er Mai, en 2004

Les syndicats considèrent que le mouvement va au-delà d’une protestation contre la réforme de la fonction publique, il se veut « une mobilisation pour défendre les droits de tous les travailleurs », a expliqué un de leurs porte-parole à un correspondant de l’Agence France-Presse.

Connu pour ses banques, ses stations de ski, ses cigarettes et ses alcools détaxés, le micro-Etat de 75 000 habitants connaît son premier mouvement social depuis 1933.

Voisine de l’Espagne et de la France, la principauté n’a pas la même histoire syndicale. Son tout premier groupement social de travailleurs, l’Union syndicale d’Andorre, a été créé en 2000 et a organisé en 2004, « à la pause de midi », son premier et seul défilé du 1er Mai, détaillait La Croix en 2013.

Pourtant signataire d’une Constitution qui reconnaît aux travailleurs « le droit de défendre leurs intérêts économiques et sociaux », le cadre juridique qui entoure le droit de grève reste ambigu et la question revient régulièrement lors des échanges de la principauté avec l’Organisation des Nations unies (ONU).

En 2013, le chef du gouvernement promettait de faire adopter le droit de grève par le Parlement dans les deux ans, à l’occasion de la visite de Ban Ki-moon. Deux ans plus tard, toujours auprès de l’ONU, la principauté disait accepter « les recommandations relatives à la garantie du droit de grève ». En février 2018, le secrétaire général du SAT (Sindicat Andorrà dels Treballadors), Guillem Fornieles, rappelle dans les colonnes du journal Diari d’Andorra que le droit de grève est reconnu à l’article 19 de la Constitution, mais n’a jamais été réglementé jusqu’à présent.