Il était le seul candidat à se présenter devant les députés. Sans surprise, Xi Jinping a été réélu à la présidence de la Chine à l’unanimité par les près de 3 000 députés présents à la session plénière annuelle de l’Assemblée nationale populaire (ANP), samedi 17 mars. En plus de ce nouveau mandat de cinq ans, l’homme de 64 ans pourra bénéficier de la réforme de la Constitution qui lui permet de se représenter à la tête de l’Etat autant de fois qu’il lui plait.

L’homme fort du pays a fait encore mieux que lors de sa première élection en 2013, lorsqu’un député avait voté contre lui et trois autres s’étaient abstenus, soit un taux d’approbation de 99,86 %.

L’issue du scrutin présidentiel ne faisait guère de doute, tant Xi Jinping a assis son autorité depuis son arrivée à la tête du Parti communiste chinois (PCC) fin 2012. Après avoir placé des hommes à lui aux postes-clés, il concentre les pouvoirs comme aucun dirigeant ne l’a fait depuis au moins un quart de siècle… aux dépens du premier ministre Li Keqiang, qui doit être pour sa part réélu dimanche par l’ANP.

Un allié à ses côtés

Le principal responsable de cette campagne, Wang Qishan, a également été élu samedi vice-président. Outre ce poste largement honorifique, M. Wang, en bon anglophone, pourrait être chargé des difficiles relations avec les Etats-Unis. « Excellent » économiste, il formerait « une équipe de rêve » avec une étoile montante du PCC, Wang Yang, afin de gérer « la tempête géante qui se prépare autour des droits de douane » que menace d’imposer le président américain, observe le sinologue Kerry Brown, du King’s College de Londres.

La désignation de ce proche du président révèle que M. Xi, en dépit de sa toute puissance, manque d’alliés loyaux et compétents, souligne à Pékin le politologue Hua Po. « Je pense que sa priorité pour ce deuxième mandat sera de renforcer encore son pouvoir », prévoit-il. Comme il l’a fait durant son premier mandat, il pourrait aussi accroître l’emprise du parti sur la société, « en restreignant par exemple la liberté de parole », selon l’analyste.

Mais l’homme fort de Pékin devra aussi répondre à bon nombre de griefs immédiats « s’il veut conquérir entièrement les cœurs », ajoute M. Hua : inégalités sociales, flambée de l’immobilier, coût des frais médicaux et de scolarité, démolitions forcées…

Un président populaire

A grands renforts de propagande et une omniprésence dans les médias, Xi Jinping s’est fait le héraut d’une « Nouvelle ère », peignant pour ses compatriotes le tableau d’une Chine moderne et respectée à l’horizon 2050. Ces cinq dernières années ont été marquées par une lutte contre la corruption, qui a sanctionné au moins 1,5 million de cadres du PCC, selon un chiffre officiel. M. Xi est soupçonné de s’être servi aussi de cette campagne pour éliminer des opposants internes.

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« La campagne contre la corruption est populaire, le ménage dans le parti est populaire, et son programme de modernisation est attrayant s’il débouche sur une administration moins corrompue, plus fiable et au service des citoyens », observe le sinologue Jean-Pierre Cabestan, de l’Université baptiste de Hong Kong.

« Les gens sont fiers de leur chef, ils trouvent qu’il représente bien la Chine à l’étranger », estime-t-il. Même si « l’image du pays s’est dégradée » avec la réforme constitutionnelle qui ouvre la perspective d’une présidence à vie pour Xi Jinping.