Au lendemain du limogeage choc d’Andrew McCabe, Donald Trump se réjouissait ouvertement samedi 18 mars du limogeage de l’ex-numéro deux du FBI, saluant ce départ forcé comme « un grand jour pour la démocratie », là où beaucoup dénoncent une vendetta politique. Ravivant les inquiétudes sur les velléités de la Maison Blanche de mettre un terme à l’enquête russe du procureur spécial Robert Mueller, l’avocat personnel du président américain, John Dowd, a lui dit espérer que le ministère de la justice refermerait maintenant ce dossier.

Dans le collimateur de l’administration Trump depuis des mois, Andrew McCabe – qui avait quitté en janvier ses fonctions de directeur adjoint du FBI mais restait un employé – a appris son licenciement vendredi, à quarante-huit heures de pouvoir toucher, après plus de vingt-et-un ans de service, sa retraite de haut fonctionnaire.

« Pas de collusion entre Moscou et la campagne Trump »

Donald Trump, lui, a répété sur Twitter qu’il n’y avait « pas eu collusion entre la Russie et la campagne Trump ». « Comme beaucoup le découvrent maintenant, en revanche, il y a eu une quantité énorme de fuites, de mensonges et de corruption aux plus hauts niveaux du FBI, de la justice et du (département) d’Etat », a-t-il poursuivi, avant de qualifier à nouveau l’enquête de Robert Mueller de « chasse aux sorcières », qui « n’aurait jamais dû commencer ».

C’est en reprenant l’expression « Vous êtes viré » (You’re fired) qui a fait ses grandes heures de star de la téléréalité que Donald Trump avait salué dans la nuit de vendredi à samedi le nouveau coup de théâtre dans cette saga politique. « Andrew McCabe VIRÉ, un grand jour pour les hommes et les femmes du FBI qui travaillent dur – Un grand jour pour la démocratie ».

Victime d’une « guerre » contre la FBI

La réponse de ce dernier ne s’est pas faite attendre. Se déclarant victime d’une « guerre » menée contre le FBI et contre l’enquêté du procureur spécial, Andrew McCabe a dénoncé « une entreprise sans précédent, conduite par le président lui-même », pour le « chasser » de son poste. Andrew McCabe avait dirigé le FBI par intérim de mai à août 2017, après le licenciement spectaculaire par Donald Trump du directeur James Comey.

Il avait auparavant participé à l’enquête sur les courriels de Hillary Clinton. Une investigation que la candidate malheureuse contre Trump accuse d’avoir sapé ses chances de remporter la présidentielle mais dont certains conservateurs déplorent qu’elle ait été classée sans suite.

A nouveau samedi, Donald Trump a accusé M. McCabe d’être trop proche de M. Comey ainsi que des démocrates. Et le président de tacler au passage sur Twitter l’ancien patron du FBI, l’une de ses cibles favorites. « Le moralisateur James Comey était son chef et a fait passer McCabe pour un enfant de chœur. Il savait tout des mensonges et de la corruption qui régnaient aux plus hauts niveaux du FBI ! ».

« Les Américains jugeront d’eux-mêmes »

Caustique, James Comey lui a répondu sur le réseau social, faisant allusion à son livre à paraître en avril : « M. le président, les Américains entendront mon histoire sous peu. Et ils pourront juger d’eux-mêmes qui est honorable et qui ne l’est pas. »

C’est après une enquête interne du FBI que le ministre de la justice, Jeff Sessions, a annoncé le licenciement de M. McCabe vendredi soir, mettant un terme à des semaines de suspense. Les services du FBI ont établi que M. McCabe a fait des révélations non autorisées aux médias et a « manqué d’honnêteté sous serment », une grave accusation.

La décision de le limoger a été prise « après une enquête complète et équitable » par un bureau indépendant, a souligné Jeff Sessions. Le détails des faits retenus contre lui n’a pas encore été rendu public. Andrew McCabe a d’ailleurs déjà livré au procureur spécial ses notes personnelles, prises notamment après des conversations avec Donald Trump, selon CNN samedi.

Une décision « dangereuse »

Un représentant démocrate du Wisconsin, Mark Pocan, a annoncé samedi dans un communiqué qu’il avait offert un emploi dans son bureau à M. McCabe pour lui permettre de toucher sa retraite complète et afin d’y « travailler sur la sécurité dans les élections ». « Nous considérons toutes les options », a répondu M. McCabe par la voix de sa porte-parole.

Un ancien ministre de la justice du démocrate Barack Obama, Eric Holder, s’est inquiété sur Twitter de la décision « dangereuse » de Donald Trump. Et l’ancien chef de la CIA sous M. Obama, John Brennan, a eu des mots encore plus forts à l’attention du 45e président des Etats-Unis. « Lorsque l’étendue complète de votre vénalité, de votre turpitude morale et de votre corruption politique sera connue, vous occuperez votre juste place parmi les démagogues déshonorés dans les poubelles de l’histoire. »