La mine de phosphate de Mdhilla, dans le centre de la Tunisie, où les opérations d’extraction venaient de reprendre après un mouvement social de plusieurs semaines, le 9 mars 2018. / FETHI BELAID / AFP

La police tunisienne a fait usage de gaz lacrymogène, dimanche 18 mars, pour disperser des dizaines de manifestants réclamant emplois et développement à Mdhilla, dans le bassin minier situé dans le centre du pays, a rapporté un correspondant de l’AFP.

« Travail, liberté, dignité nationale », scandaient les manifestants, qui réclamaient qu’un quota des revenus tirés du phosphate produit dans la région soit affecté à son développement.

Centrale électrique

Les tensions avaient commencé dès vendredi, à la suite d’un conseil ministériel tenu dans la région de Gafsa. Cette réunion, à laquelle participait notamment le ministre des finances, Ridha Chalghoum, visait à répondre aux accusations de nombreux habitants, selon lesquels l’Etat est « absent ». Mais les mesures annoncées à l’issue de ce conseil, comme la construction d’une centrale électrique, ont été jugées insuffisantes par les protestataires, qui ont en réaction manifesté et bloqué des routes.

Samedi soir, ceux-ci ont bloqué des rails pour empêcher le transport de phosphate, et la police a tiré des grenades lacrymogènes pour les disperser.

La manifestation rassemblant dimanche beaucoup de jeunes hommes et femmes a dégénéré quand certains protestataires ont lancé des pierres sur la police, qui a de nouveau fait usage de gaz lacrymogène.

Près de six semaines de blocage

Malgré la richesse de son sous-sol, la région du bassin minier est l’une des plus pauvres du pays. Manifestations et mouvements sociaux sont récurrents, et la production de phosphate, secteur clé pour l’économie tunisienne, vient de reprendre lentement après un blocage de près de six semaines.

La Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG) est l’un des principaux producteurs de ce minerai au monde. Elle compte plusieurs sites, principalement à Metlaoui, Redeyef, Om Laârayes et Mdhilla.

Le bassin minier avait été le théâtre en 2008 d’une insurrection réprimée dans le sang par le régime de l’ancien chef de l’Etat Zine El-Abidine Ben Ali.