Etat des lieux des terres avant l’abandon du projet de Notre-Dames-des-Landes.

Les négociations s’annoncent tendues. L’avenir agricole de la ZAD (zone à défendre) de Notre-Dame-des-Landes va commencer à être discuté, lundi 19 mars, mais sans les « zadistes » ni certains opposants à l’ex-projet d’aéroport, qui appellent à un rassemblement sous les fenêtres de la préfecture.

La préfète de la région Pays de la Loire présidera un premier comité de pilotage. Cette réunion de négociations, que Nicole Klein souhaite placer sous le signe de « l’apaisement » et de la « construction », se tient à deux semaines de l’expiration de l’ultimatum fixé aux zadistes pour régulariser leur situation sous peine d’expulsion, et alors que le mouvement très hétérogène des opposants se fissure.

Certains opposants (la Confédération paysanne et l’Adeca, association d’agriculteurs « historiques » ayant refusé de quitter leurs terres) seront autour de la table avec la préfète. Conviée, l’Acipa, principale association opposée à l’ex-projet d’aéroport, a décliné l’invitation mais ne participera pas non plus au rassemblement organisé devant la préfecture par « l’assemblée du mouvement » anti-aéroport, disant préférer le dialogue à la « démonstration de force ».

Volonté de gérer les terres de la ZAD

Exclues du comité du pilotage, certaines composantes de la lutte contre l’aéroport comptent faire entendre leur mécontentement et rappeler au gouvernement, qui « fait la sourde oreille » selon elles, leur volonté de gérer les terres de la ZAD, pour qu’y subsistent également des activités non agricoles.

« Ce comité de pilotage se limite à une approche agrico-agricole, ce n’est pas le bon endroit pour un dialogue constructif sur la totalité des questions posées et des propositions que l’on fait, environnementales et sociétales », explique Vincent Delabouglise de Copain 44, un collectif d’organisations agricoles, dont est membre la Confédération paysanne. Et d’affirmer :

« On n’est pas dans une démarche d’opposition, on est ouverts à un vrai début de dialogue mais sur la base de nos propositions. »

La semaine dernière, « l’assemblée du mouvement » anti-aéroport s’était dite « seule légitime » à prendre en charge le territoire de la ZAD « sauvée de la destruction programmée », dans un communiqué dont se sont désolidarisés plusieurs associations et collectifs opposés au projet aéroportuaire.

« Nous ne pouvons accepter une vision cloisonnée et laisser les terres pour lesquelles nous nous sommes battu(e)s être reprises en main par les voies du modèle agricole classique dont on connaît partout les conséquences : désertification rurale, disparition des petites exploitations, dégradation continue des sols et de la biodiversité », écrit le mouvement dans son appel à rassemblement.

Certains zadistes remettent en cause la présence, autour de la préfète, des élus et des syndicats agricoles, d’une association d’agriculteurs nouvellement créée, l’Amelaza, proche de la Coordination rurale et qui veut aussi peser sur la répartition du foncier.

Gestion transitoire des terres

« On les trouve assez abjects d’oser revendiquer des droits sur des terres qu’ils ont abandonnées au bitume », estime Sarah, éleveuse de brebis sur la ZAD, qui désapprouve aussi la participation « d’institutions comme la chambre d’agriculture qui n’ont absolument pas participé à préserver le bocage ici ».

La représentante de l’Etat a rappelé de son côté qu’elle avait rencontré, tout au long du mois de février, « l’ensemble des acteurs concernés » et que chacun a pu faire connaître sa « vision prospective du devenir de ce territoire ».

Le mouvement anti-aéroport, tout comme le conseil départemental de Loire-Atlantique associé à la chambre d’agriculture, convoite une partie des 1 650 hectares de l’ex-emprise aéroportuaire. Tous demandent un gel de l’attribution conventionnelle des terres, pendant au moins un an, le temps d’élaborer le futur projet agricole.

La première réunion du comité de pilotage, qui débute à 14 h 30, doit ainsi « définir les principes d’une gestion transitoire des terres, laissant du temps à la construction du projet agricole et de territoire dont les grands objectifs pourront être discutés », indique la préfecture.

Le secrétaire d’Etat à la transition écologique, Sébastien Lecornu, se rendra quant à lui mardi et mercredi dans le département, et rencontrera élus locaux, syndicats agricoles, agriculteurs et opposants au projet d’aéroport.

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Durée : 03:39