Les nuages s’amoncellent au-dessus de Cambridge Analytica (CA), le cabinet de conseil en communication politique, filiale de la société britannique de marketing Strategic Communication Laboratories (SCL), qui jongle allègrement avec la démocratie, la collecte de données et les coups tordus.

La chaîne britannique Channel 4 News a diffusé, lundi 19 avril, des images en caméra cachée, où l’on voit les dirigeants de Cambridge Analytica – dont Alexander Nix, son dirigeant – expliquer comment ils utilisent des pots-de-vin, d’anciens espions du MI5 et du MI6 ou des prostituées ukrainiennes, pour piéger des responsables politiques.

Selon la vidéo publiée par Channel 4, en plus de l’élection de Donald Trump, CA est intervenu dans des élections au Nigeria, au Kenya (pour Uhuru Kenyatta, pour les présidentielles de 2013 et 2017), en République tchèque et en Argentine. L’entreprise nie tous les propos tenus par ses dirigeants.

Cambridge Analytica Uncovered: Secret filming reveals election tricks
Durée : 19:13

Enquête sur les pratiques de Cambridge Analytica

Facebook a pour sa part admis, lundi, que Cambridge Analytica, travaillant pour la campagne électorale de Donald Trump en 2016, avait pu collecter les données privées de 50 millions d’utilisateurs du réseau social.

Le groupe a annoncé lundi avoir chargé une société spécialisée dans les enquêtes juridico-informatiques, Stroz Friedberg, de mener un audit global de Cambridge Analytica. Le cabinet d’analyses a accepté de donner à l’entreprise de cybersécurité l’accès complet à ses serveurs et systèmes.

Selon l’hebdomadaire britannique The Observer, Cambridge Analytica a utilisé ces données, volées au début de 2014, pour concevoir un logiciel capable de prévoir et d’influencer les choix des électeurs et améliorer la visibilité et l’efficacité de la campagne électorale de Trump. Le journal cite le témoignage d’un des fondateurs de la société qui affirme que ce logiciel était capable de dresser un portrait des utilisateurs et de leur adresser des publicités ciblées.

D’après l’Observer, les 50 millions de profils d’utilisateurs représentent environ un tiers des membres actifs de Facebook en Amérique du Nord et près d’un quart des électeurs états-uniens.

Cambridge Analytica a vigoureusement démenti lundi ces informations du journal britannique. L’entreprise dit avoir obtenu les données de Facebook auprès d’une tierce partie en 2014, mais les avoir détruites après avoir appris que ces éléments ne respectaient pas les règles sur la protection des données.