Une centaine d’écolières enlevées le 19 février par des miliciens islamistes de Boko Haram à Dapchi, dans le nord du Nigeria, ont été reconduites, mercredi 21 mars au matin, à leur école par leurs ravisseurs, ont affirmé à l’Agence France-Presse des parents.

« Les filles ont été ramenées dans neuf véhicules et déposées devant l’école vers 8 heures, a affirmé Bashir Manzo, qui dirige une association d’aide aux parents des enfants enlevés. Elles n’étaient accompagnées d’aucune force de sécurité. Leurs ravisseurs les ont juste déposées et sont partis, sans parler à personne. »

M. Manzo a ajouté que les autorités devaient procéder à un décompte précis des filles libérées. « J’ai une liste des filles manquantes avec moi, et là je me rends à l’école pour faire l’appel et voir si certaines d’entre elles sont toujours disparues », a-t-il expliqué. « Mais pour l’instant, nous savons qu’au moins une d’entre elles est morte » pendant sa captivité.

Cette libération a été confirmée par un autre père de famille, qui affirme que « toutes ont été libérées », sauf « quelques-unes qui ne sont plus en vie ». « J’ai vu ça aux infos, explique de son côté le porte-parole de l’armée nigériane, John Agim. J’ai appelé le commandement. »

Kidnapping de masse

Des combattants présumés du groupe Boko Haram affilié à l’organisation l’Etat islamique avaient mené le 19 février un raid sur le pensionnat de l’école pour filles de Dapchi (Etat de Yobe) et étaient repartis avec 110 jeunes filles âgées de 10 à 18 ans. Mardi, Amnesty International a accusé l’armée nigériane d’avoir été informée des déplacements de combattants dans la région de Dapchi juste avant le kidnapping de masse, et de n’avoir pas réagi à temps.

Ce drame s’est déroulé dans des circonstances quasi identiques à l’enlèvement de masse de Chibok, en avril 2014, quand plus de 200 lycéennes avaient été enlevées, déclenchant une vague d’émotion mondiale. Une centaine d’entre elles s’étaient échappées ou avaient été libérées au terme de négociations avec le gouvernement. Selon les experts, les rançons versées et les prisonniers libérés en échange de la libération d’une centaine de lycéennes de Chibok ont pu motiver Boko Haram à commettre un nouvel enlèvement de masse.

Yan St-Pierre, expert en contre-terrorisme pour Modern Security Consulting Group (Mosecon), note que les filles de Dapchi ne sont pas les premières otages à avoir été libérées cette année. « Mais cette libération est assez étonnante pour ne pas soulever beaucoup de questions, notamment sur le paiement de rançons, dit-il. Si c’est ce qui s’est passé, le gouvernement nigérian a dû payer une somme importante pour accélérer le processus et éviter un autre Chibok. »