Téléfilm sur France 2 à 20 h 55

BANDE-ANNONCE LE RÊVE FRANÇAIS
Durée : 02:03

En 1963, la création par Michel Debré du Bumidom – Bureau pour le développement des migrations dans les départements d’outre-mer – vise à favoriser la migration de jeunes Antillais (touchés par le chômage) vers les départements français (en manque de main-d’œuvre). La proposition est trop belle pour ne pas y succomber, et ce sont ainsi des milliers d’ultramarins qui vont choisir l’exil, portés par ce « rêve français » qui leur offre le voyage, leur promet formation, emploi et logement. A travers plusieurs personnages dont les vies se croisent, le téléfilm en deux parties de Christian Faure choisit de raconter cette page occultée de l’histoire de France.

Doris (Aïssa Maïga), Samuel (Yann Gael), originaires de Guadeloupe, et Charley (Aude Legastelois), de La Réunion, sont de ceux qui ont cru à cet eldorado, qui ont quitté leur maison, leur famille et leurs amis pour saisir leur chance, échapper à l’autorité butée du père, devenir avocat ou comédienne. Et qui, arrivés en France, se sont heurtés à une tout autre réalité. Emplois subalternes, racisme, mépris – nourris par les relents colonialistes –, rudoyant quelque peu l’idée qu’on leur avait vendue.

Simplification dramatique

Film choral qui suit ses personnages durant cinquante ans – de 1963 à 2005 –, Le Rêve français révèle les difficultés et blessures de ces exilés réclamés, puis rejetés et oubliés. Le film n’omet pas de signaler, en toile de fond, les différents épisodes qui ont accompagné ce demi-siècle d’histoire : la régression de l’industrie sucrière, le chômage, la montée des mouvements indépendantistes, séparatistes et terroristes, la pollution au chlordécone, la radicalisation de jeunes convertis à l’islam, la mémoire de l’esclavage…

Aïssa Maïga incarne Doris, une jeune Guadeloupéenne. | FRANCE 2

Hélas, prévue au départ sur un format de six fois 52 minutes, cette saga, réduite à deux fois 90 minutes, n’a pas eu d’autre choix que de sacrifier la profondeur de son propos et de ses personnages. Si bien que, Le Rêve français devant filer à toute allure, il opte pour des raccourcis qui cèdent aux clichés et à la simplification dramatique. Difficile pour les scénaristes – Sandro Agénor, Alain Agat et Christian Faure – de faire autrement, soucieux, jusqu’au bout et malgré tout, de soutenir l’ambition de leur projet.

Le Rêve français, de Christian Faure. Avec Yann Gael, Aïssa Maïga, Ambroise Michel (Fr., 2017, 2 × 90 min).