C’est une conclusion qui tombe à pic. Une étude scientifique publiée dans Molecular Psychiatry le 14 mars, soit une semaine après la convocation des représentants de l’industrie du jeu vidéo par Donald Trump, conteste l’influence des productions violentes sur le niveau d’agressivité des joueurs.

Menée sous la supervision de Simone Kühn, professeure associée en psychologie au sein de la société Max-Planck pour le développement des sciences en Allemagne (Max-Planck-Gesellschaft zur Förderung der Wissenschaften), l’expérience a réuni 77 cobayes pendant deux mois. Ceux-ci ont été divisés en trois groupes, l’un exposé quotidiennement à un jeu vidéo violent (la superproduction Grand Theft Auto V, déconseillée aux moins de 18 ans) ; le second à un jeu vidéo pacifique (la simulation de vie Les Sims 3) ; tandis que le troisième ne jouait à aucun jeu.

Les auteurs de l’étude ont évalué le niveau d’agressivité et d’empathie des participants, leurs compétences interpersonnelles, leur impulsivité, leur anxiété, leur humeur, et leur contrôle de soi à travers des questionnaires et une évaluation comportementale informatisée, détaille la revue dans un communiqué explicatif. « Les chercheurs n’ont trouvé aucun changement significatif dans aucune des variables observées, et particulièrement pas dans l’évolution du niveau d’agressivité d’aucun des trois groupes, » conclue-t-il. Sur le total de 208 tests statistiques réalisés au cours de l’expérience, seuls trois pics de comportement violent ont été observés, et ne s’expliquent pas par les jeux pratiqués, précise l’étude.

Pour Simone Kühn, cette expérience, la première à tenter de mesurer les effets du jeu vidéo sur une longue période, réfute les accusations encore récemment portées contre le jeu vidéo :

« L’American Psychological Association a récemment résumé les précédentes découvertes sur les jeux vidéo violents en indiquant qu’ils présentaient un risque en termes de rapport à autrui, notamment d’agressivité accrue et de diminution de l’empathie. [Cette étude] contredit clairement cette conclusion. »

L’étude remarque que dans une expérience datant de 2001, une hausse d’agressivité a pu être observée chez certains sujets après la pratique de jeux vidéo violents, mais précise que celle-ci est temporaire et s’estompe en moins de quinze minutes. Elle rappelle par ailleurs qu’aucune méthode de mesure de l’agressivité ne fait référence en psychologie.

Les effets supposés des jeux vidéo sur les joueurs font l’objet de débats récurrents depuis la fin des années 1990 dans les médias, la sphère politique et le monde universitaire. Leur influence sur les tueurs de masse n’a jamais été prouvée.