Les conflits et la sécheresse ont engendré un pic de famine au cours des derniers mois. Une estimation de Organisation des Nations unies (ONU) et de l’Union européenne, publiée jeudi 22 mars, montre une hausse sensible du nombre de personnes jugées à la merci d’une famine. Cent vingt-quatre millions de personnes étaient concernées en 2017, contre 108 millions en 2016 et 80 millions en 2015, selon le Rapport mondial sur les crises alimentaires 2018. Soit + 15 % en un an et + 55 % en deux ans.

Parmi les pays les plus touchés par une situation « aiguë », on trouve des pays engagés dans des conflits ou en situation de « grave insécurité », comme « le Yémen, le nord du Nigeria, la RD Congo [République démocratique du Congo], le Soudan du Sud et le Myanmar [Birmanie] », relève le rapport.

Par ailleurs, en Afrique orientale et australe, la « sécheresse persistante a également joué un rôle majeur, soulignent les auteurs, entraînant des réductions importantes des récoltes dans des pays déjà confrontés à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire ».

Le Yémen, pays le plus gravement touché

Les conflits et l’insécurité resteront « probablement les principales causes de crise alimentaire » en 2018 touchant l’Afghanistan, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo, le nord-est du Nigeria, la région du lac Tchad, le Soudan du Sud, la Syrie et le Yémen, ainsi que la Libye, et le Sahel central (Mali et Niger).

Selon le document, le Yémen continuera d’être « le pays confronté à la plus grande crise alimentaire au niveau mondial ». La situation devrait même « se détériorer », en raison « de l’accès restreint, de l’effondrement économique et des épidémies ».

En Afrique, l’impact de la sécheresse sur les cultures vivrières et le bétail augmentera aussi l’insécurité alimentaire dans les zones pastorales de la Somalie, le sud-est de l’Ethiopie, l’est du Kenya, ainsi que dans certains pays d’Afrique de l’Ouest et du Sahel, tels le Sénégal, le Tchad, le Niger, le Mali, la Mauritanie, et le Burkina Faso.

« Nous avons une obligation morale de faire mieux »

Seul répit, en Afrique australe une amélioration est prévue grâce à l’augmentation de la production céréalière en 2017 et à la baisse des prix des denrées alimentaires.

« Nous avons une obligation morale de faire mieux, et nous avons les outils et le savoir pour y parvenir. Nous devons briser les murs qui séparent depuis trop longtemps les acteurs de l’aide humanitaire et ceux du développement », affirme Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU, cité dans le rapport.