Pierre Lescure, président du Festival de Cannes (à gauche) et Thierry Frémaux, délégué général de la manifestation cannoise, lors d’une conférence de presse en avril 2015. / THIBAULT CAMUS/AP

Lors de la 71e édition du Festival de Cannes, qui aura lieu du 8 au 19 mai, les médias découvriront les films en compétition pour la Palme d’or en même temps que, ou après, les spectateurs et l’équipe du film présenté en séance de gala. Le public de ces séances, organisées en soirée dans la salle Lumière à laquelle conduisent les fameuses marches, aura interdiction d’immortaliser le moment en prenant un selfie sur le tapis rouge.

Ces modifications du règlement de la plus grande manifestation cinématographique au monde ont été annoncées, vendredi 23 mars, à l’hebdomadaire professionnel Le Film français par Thierry Frémaux, délégué général du Festival. Les selfies seront prohibés en raison de leur « trivialité et du ralentissement » qu’ils provoquent. Dans cet entretien, Thierry Frémaux revient également sur la question de la parité et sur les conséquences des affaires Weinstein ainsi que sur l’état des relations entre le Festival et la plateforme Netflix.

Calendrier modifié

On savait déjà que le calendrier du Festival avait été modifié. Il commencera un jour plus tôt, le mardi au lieu du mercredi, et se terminera le samedi de la semaine suivante, au lieu du dimanche. Depuis quelques années, le Festival exige du distributeur du film d’ouverture qu’il sorte en salle simultanément. Cette obligation a parfois eu pour conséquence – ce fut le cas pour Gatsby le Magnifique en 2013 – de faire passer la projection de gala après les premières séances en salle. L’ouverture le mardi lui rend ainsi son statut d’avant-première.

Le nouvel agencement des projections de presse procède d’un souci largement partagé par les dirigeants de festival qui voient régulièrement des équipes, acteurs, réalisateur, faire grise mine sur le tapis rouge après avoir appris que leur film a mal été accueilli lors de la projection de presse, qui précède l’officielle.

Le film projeté en séance de gala à 19 heures était montré aux médias le matin à 8 h 30, celui de la séance de gala de 22 heures, la veille à 19 heures, un rythme conçu en fonction des impératifs de la presse écrite quotidienne. Or, désormais de nombreuses critiques sont mises en ligne, en particulier par les trades, les influentes publications professionnelles anglophones, dans la foulée de la projection de presse. Certaines manifestations, comme la Berlinale, se sont contentées de faire respecter un strict embargo sur les critiques jusqu’à l’heure de la projection officielle. Dorénavant, le film de 19 heures sera montré simultanément, dans deux salles différentes, au public de la séance de gala et à la presse. Quant à celui de 22 heures, les accrédités médias devront attendre le lendemain pour le découvrir. Seuls quelques journalistes, titulaire de la carte « soiriste », pourront assister aux projections de gala.

Les conséquences des affaires Weinstein

En ce qui concerne la parité entre genres, Thierry Frémaux rappelle au Film français que le Festival la respecte en ce qui concerne la présidence et la composition des jurys (celui qui décernera la Palme d’or sera cette année présidé par l’actrice australienne Cate Blanchett) et que les comités qui sélectionnent les films des diverses sections de la sélection officielle sont arrivés à une « quasi-parité ». Le délégué général annonce qu’il rencontrera prochainement, avec Pierre Lescure, le président du Festival, la secrétaire d’Etat Marlène Schiappa pour évoquer les conséquences des affaires Weinstein, dont plusieurs épisodes ont eu le Festival pour cadre.

Quant à Netflix, le refus de la plateforme de laisser sortir en salle, dans le respect de la réglementation française, les films qui pourraient être sélectionnés en compétition, a eu pour conséquence une modification du règlement du Festival qui barre la route des longs-métrages qu’elle présente. Ceux-ci pourront être projetés hors compétition, mais dorénavant les films concourant pour la Palme d’or devront « sortir dans les salles françaises ». Pour Thierry Frémaux, les deux longs-métrages de la plateforme sélectionnés en 2017, Okja, de Bong Joon-ho, et The Meyerowitz Stories, de Noah Baumbach, « se sont perdus dans les algorithmes ».

Sur le Web : www.festival-cannes.com