Jordi Turull, candidat à la présidence de la Catalogne. / ALBERT GEA / REUTERS

Sans surprise, les partis indépendantistes ont échoué, jeudi 22 mars, dans leur tentative d’élire dès le premier tour leur candidat à la présidence de la Catalogne, à la veille de sa comparution devant la justice.

Faute du soutien des séparatistes les plus radicaux, Jordi Turull, en liberté provisoire, n’a recueilli que 64 voix, tandis que 65 députés ont voté contre et que les quatre élus séparatistes les plus radicaux se sont abstenus. Au second tour, samedi, il lui suffirait de la majorité simple pour être élu, mais il doit d’abord se présenter devant un juge qui pourrait le renvoyer en prison préventive.

Cet ancien porte-parole du gouvernement catalan est convoqué vendredi, avec cinq autres dirigeants indépendantistes, par le juge de la Cour suprême à Madrid chargé de l’enquête pour rébellion, sédition et malversations financières qui les vise. Le juge Pablo Llarena pourrait le renvoyer en prison où il a déjà passé un mois après le vote au parlement catalan d’une proclamation d’indépendance le 27 octobre.

Une éventuelle incarcération aurait pris une autre dimension s’il avait pu se rendre au tribunal en tant que président élu de la Catalogne.

Un discours jugé timoré

Peut-être craignant la sévérité du juge, M. Turull a évité de recourir aux mots « indépendance » ou « république » devant les élus, dans un discours sans éclat, alors que la CUP lui réclamait justement de se prononcer pour l’indépendance unilatérale. Il a au contraire réclamé de dialoguer avec le gouvernement espagnol du conservateur Mariano Rajoy. Les séparatistes radicaux de la Candidature d’unité populaire, qui exigent la rupture avec l’Espagne, lui ont reproché sa prudence.

Le vote des élus catalans doit enclencher un compte à rebours de deux mois, à l’issue duquel, si aucun gouvernement n’est investi, de nouvelles élections régionales seront organisées.

Tant qu’elle n’aura pas de président et donc de gouvernement, la Catalogne restera sous la tutelle que lui a imposée Madrid après la tentative de sécession.

Aux élections régionales du 21 décembre, les partis séparatistes ont conservé la majorité absolue des sièges au parlement (70 sur 135), mais leurs divisions et les poursuites judiciaires ont empêché l’investiture d’un candidat.

Jordi Turull est le troisième candidat qu’ils proposent. Les deux précédents, l’ancien président Carles Puigdemont, qui s’est exilé en Belgique, et Jordi Sanchez, incarcéré, ont jeté l’éponge en raison des obstacles judiciaires à leur investiture.