Premier groupe de Trash metal à chanter en maori, Alien Weaponry a débarqué sur la scène musicale kiwi comme un coup de tonnerre. Le succès est constant depuis juillet 2017, date de sortie de leur single Rū Ana Te Whenua (« la terre tremble »). Le morceau a dépassé le million de vues sur les réseaux sociaux et conquis le sommet des charts néo-zélandais en devenant le plus écouté sur la plate-forme de streaming Spotify. Prochaine étape : l’Europe. Cet été, le trio d’adolescents s’envolera pour le vieux continent où il participera à des festivals de heavy metal avec des concerts prévus en Allemagne – notamment au Wacken Open Air, un des plus importants festivals de metal – et en Slovénie.

Cri de guerre

« Quand nous avons commencé à poser des textes en maori sur de la musique metal, nous ne savions pas quelles seraient les réactions », se souvient Henry de Jong, batteur. Elles seront au-delà de leurs espérances. L’alliance sonne comme une évidence et séduit jusqu’au grand public par son énergie brute, une force qui rappelle celle du haka, la danse chantée rituelle des insulaires du Pacifique Sud, utilisée notamment lors des conflits pour impressionner l’adversaire.

C’est dans ce passé brutal que plonge Rū Ana Te Whenua. Introduit par un cri de guerre, porté par une rythmique puissante, des accords rapides et agressifs, le morceau raconte la bataille de Gate Pa, qui a marqué l’histoire néo-zélandaise en 1864, quand 230 guerriers de la tribu Ngāi Te Rangi, retranchés dans un village fortifié, avaient résisté à l’assaut de 1 700 soldats britanniques. Une défaite humiliante pour la troupe impériale. « L’un de nos ancêtres était parmi ces guerriers », raconte Henry de Jong.

« Pour nous, il est important de défendre notre culture maorie. Et ce n’est pas seulement notre histoire mais celle d’une multitude de peuples premiers dans le monde. » Henry, batteur d’Alien Weaponry

Le jeune homme de 17 ans et son frère Lewis, chanteur et guitariste de 15 ans, sont les deux membres fondateurs du groupe. D’origine maorie, ils ont appris la langue de leurs ancêtres dans une école dite d’immersion. Chez eux, leur père les initiait à la culture autochtone tout en les biberonnant à toutes sortes de musiques et en particulier au hard-rock. En 2010, ils forment Alien Weaponry alors qu’ils sont encore en primaire. Ethan Trembath, joueur de ukulélé et seul gamin de l’école à avoir les bras assez longs pour manier une basse, vient compléter le duo. Rapidement, le trio commence à se faire remarquer dans des concours de musique. En 2015, ils sont les plus jeunes artistes à décrocher la prestigieuse bourse néo-zélandaise NZ on Air pour enregistrer leur single Rū Ana Te Whenua ainsi qu’un clip vidéo. Rebelote l’année suivante avec deux autres titres : Urutaa et Raupatu.

Alien Weaponry - Rū Ana Te Whenua (Official Music Video)
Durée : 05:33

La presse néo-zélandaise salue un groupe d’ados précoces qui donnent des leçons d’histoire à coups de grosse caisse. « Le trash metal est une musique engagée. Pour nous, il est important de défendre notre culture maorie, souligne le batteur. Et ce n’est pas seulement notre histoire mais celle d’une multitude de peuples premiers dans le monde. »

Avec ses textes, Alien Weaponry fait aussi vivre une langue qui n’est plus parlée que par 21 % des Maoris selon un recensement datant de 2013. Avant eux, seuls des chanteurs de reggae et de hip-hop l’avaient utilisée. Aujourd’hui, quand ils ne sont pas sur scène ou en studio, les trois membres d’Alien Weaponry mènent des vies de jeunes ordinaires entre lycée et premiers boulots. Ils préparent un album. Très attendu, il sera dans les bacs avant le début de l’été.