Le premier ministre malien, Soumeylou Boubèye Maïga, est arrivé vendredi 23 mars à Kidal, bastion de l’ex-rébellion dans le nord du Mali – une première depuis près de quatre ans. L’hélicoptère amenant M. Maïga et sa délégation s’est posé peu après 10 heures (GMT) sur la base de la mission de l’ONU, la Minusma, a constaté un correspondant de l’AFP. Mahamat Saleh Annadif, le chef de la Minusma, est venu l’accueillir. Le premier ministre devait ensuite rencontrer les autorités locales.

M. Maïga a entamé jeudi, avec huit de ses ministres, une tournée dans le nord et le centre du pays. Sa première étape a été Tessalit (nord-est), près de la frontière algérienne, où il a dû passer la nuit après le report à vendredi, officiellement pour des raisons météorologiques, de l’étape hautement symbolique de Kidal.

En octobre 2016, la présence pour la rentrée des classes du gouverneur de Kidal lors d’une cérémonie avec levée du drapeau malien avait esquissé un début de retour de l’Etat dans cette zone. L’Etat malien n’avait pas repris pied à Kidal depuis des combats en mai 2014 pendant une visite du premier ministre de l’époque, Moussa Mara, qui s’étaient soldés par une lourde défaite de l’armée face aux rebelles.

Salve de roquettes

Jeudi matin, une attaque contre le camp de la Minusma et de la force française « Barkhane » à Kidal a fait cinq blessés légers parmi les militaires français, selon l’état-major des armées à Paris, ainsi que des dégâts matériels.

Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), principale alliance djihadiste du Sahel liée à Al-Qaida, formée en 2017 et dirigée par le chef islamiste touareg malien Iyad Ag Ghaly, a revendiqué cette attaque. Dans un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux, le groupe affirme que ses combattants sont parvenus à tirer une salve de roquettes sur le camp, « malgré les strictes mesures de sécurité prises par l’ennemi pour accueillir le premier ministre du gouvernement collaborateur malien ».

Le chef de la Minusma a condamné l’attaque, qualifiée dans un communiqué jeudi de « tentative lâche perpétrée par les ennemis de la paix dans le but d’entraver ces évolutions positives symbolisées par la visite du premier ministre à Kidal, qui est un signal fort pour la paix et la réconciliation au Mali ». La ministre française des armées, Florence Parly, a également estimé jeudi à Paris qu’il existait « très probablement un lien entre cette attaque et l’intention exprimée par le premier ministre malien de se rendre à Kidal ».

La Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, ex-rébellion à dominante touareg) n’a pas officiellement posé de conditions à la venue de M. Maïga.

« Vous n’êtes pas seuls »

A Tessalit, M. Maïga a rencontré les habitants et déjeuné avec les militaires maliens stationnés dans cette localité. Il a promis aux soldats de les « mettre dans les meilleures conditions pour faire face à l’ennemi commun qui est le terrorisme ». « Il est important que vous sachiez que vous n’êtes pas seuls », leur a-t-il dit.

Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes djihadistes liés à Al-Qaida à la faveur de la déroute de l’armée face à la rébellion, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée. Ces groupes en ont été en grande partie chassés à la suite du lancement en janvier 2013, à l’initiative de la France, d’une intervention militaire internationale, qui se poursuit actuellement.

Mais des zones entières échappent au contrôle des forces maliennes et étrangères, régulièrement visées par des attaques meurtrières, malgré la signature en mai-juin 2015 d’un accord de paix censé isoler définitivement les dihadistes mais dont l’application accumule les retards.