Trump a annoncé avoir signé la loi de financement, à Washington, Etats-Unis, le 23 mars 2018. / PABLO MARTINEZ MONSIVAIS / AP

Il n’y aura pas de « shutdown ». Le président états-unien, Donald Trump, a finalement renoncé vendredi 23 mars au veto et a promulgué la loi de financement de l’Etat fédéral. Il n’y aura donc pas de paralysie du gouvernement fédéral. « J’ai signé la loi », même si elle contient « beaucoup de choses dont je ne suis pas content », a déclaré le dirigeant en milieu de journée.

Il avait surpris toute la classe politique le matin même en menaçant, d’un tweet, de mettre son veto à la loi adoptée dans la nuit précédente par le Congrès, à majorité républicaine. La menace de veto était en contradiction frontale avec la position annoncée la veille par son propre directeur du budget, qui avait assuré que le président signerait le texte.

La loi de finances en question a été négociée pendant des semaines par la majorité républicaine et l’opposition démocrate, dans la douleur, chaque camp ayant dû céder sur la plupart de ses revendications. D’un montant de près de 1 300 milliards, dont 700 pour le seul secteur de la défense, elle doit financer l’Etat fédéral jusqu’à la fin de l’année budgétaire en cours, soit jusqu’au 30 septembre.

Le programme DACA et le mur à la frontière

Le prétexte pour le veto était l’absence de compromis sur l’immigration et la sécurité à la frontière dans la loi, et notamment le fait que le Congrès n’a pas approuvé les crédits importants que Donald Trump réclamait pour ériger un long mur en béton à la frontière mexicaine.

« J’envisage un veto de la loi de dépenses en raison du fait que les plus de 800 000 bénéficiaires de DACA ont été complètement abandonnés par les démocrates (même pas cités dans la loi) et que le mur frontalier, dont nous avons désespérément besoin pour notre défense nationale n’est pas totalement financé », a tweeté le dirigeant.

DACA (acronyme de Deferred Action for Childhood Arrivals – « Action différée pour les arrivées d’enfants ») est un programme de permis de séjour temporaires pour les « dreamers », des jeunes clandestins, créé par Barack Obama et supprimé en septembre par l’actuel président, qui avait mis au défi le Congrès de voter une réforme migratoire à la place. Mais majorité et opposition n’ont jamais pu trouver un terrain d’entente. Les démocrates ont accusé le locataire de la Maison Blanche d’hypocrisie. « N’oublions pas que c’est vous qui avez mis fin à DACA et torpillé tout compromis. C’est de votre faute ! », a répondu le démocrate Tim Ryan. In fine, les négociateurs démocrates n’ont rien obtenu pour les personnes concernées par le programme DACA.

Quant au mur que Donald Trump veut construire à la frontière avec le Mexique, le dirigeant n’a obtenu que 1,6 milliard pour construire des clôtures ou en rénover quelques dizaines de kilomètres, loin des 25 milliards qu’il avait un temps réclamés.

Des dizaines de républicains conservateurs avaient voté contre la loi pour d’autres raisons, comme pour protester contre la hausse importante des dépenses publiques. Le groupe des élus du Freedom Caucus avait d’ailleurs encouragé le président à mettre son veto afin de précipiter une réécriture de la loi. Deux « shutdowns » ont déjà été déclenchés sous la présidence de Donald Trump.