La prise d’Afrin par l’armée turque, documentée par les photographes de l’AFP

Une « gêne » vis-à-vis de « propos infondés » au sujet de l’offensive menée par la Turquie dans l’enclave syrienne d’Afrin. C’est ce que le président turc Recep Tayyip Erdogan a exprimé, vendredi 23 mars, à son homologue français Emmanuel Macron, selon une source proche d’Ankara.

Les deux chefs de l’Etat se sont entretenus par téléphone. On ignore toutefois à quels propos M. Erdogan faisait référence. L’homme fort d’Ankara a également répété au locataire de l’Elysée que l’opération menée en Syrie vise à « écarter les menaces contre la sécurité nationale turque » et à « assurer la paix » dans la région.

Coopération

Ankara a lancé le 20 janvier une opération militaire contre l’enclave d’Afrin, dans le nord-ouest du pays, pour en déloger les Unités de protection du peuple (YPG), une milice kurde considérée comme « terroriste » par la Turquie, mais alliée des Etats-Unis dans la lutte contre le groupe Etat islamique (EI). L’armée turque et ses supplétifs rebelles syriens ont pris le contrôle dimanche de l’ensemble de l’enclave en délogeant les forces kurdes de son chef-lieu.

Lors d’un entretien avec son homologue russe Vladimir Poutine lundi, M. Macron avait fait part de « sa grande préoccupation », notamment sur la situation dans cette zone. Il avait appelé « la Russie à faire ses meilleurs efforts pour que cessent les combats et les pertes civiles » en Syrie. Moscou, principal soutien du régime de Damas, et la Turquie, soutien des rebelles, coopèrent étroitement sur le dossier syrien. MM. Poutine et Erdogan doivent notamment s’entretenir début avril au cours d’un sommet prévu à Istanbul à propos du conflit qui fait rage depuis 2011.

« Invasion »

Ankara s’était déjà soulevé à plusieurs reprises contre les propos de Paris sur Afrin, notamment lorsque M. Macron avait mis en garde contre une « invasion » turque dans le nord de la Syrie, ou lorsque le ministre français des affaires étrangères, Jean-Yves le Drian, avait mis en garde contre toute mort civile dans l’opération et estimé que la Turquie violait le droit international dans le pays.

L’ONU a affirmé vendredi que quelque 167 000 personnes ont été déplacées par l’avancée des troupes turques à Afrin.