Dans un magasin d’armes de Vancouver, en 2010. / Jonathan Hayward / AP

« Bien que le Canada soit un des pays les plus sûrs au monde, l’augmentation de la criminalité liée aux armes à feu a causé trop de violence et pris trop de vies dans diverses collectivités. » C’est ainsi que le ministre canadien de la sécurité publique, Ralph Goodale, a justifié, mardi 20 mars, le dépôt d’un projet de loi sur le contrôle des armes à feu. Le premier ministre, Justin Trudeau, avait promis, lors de sa campagne électorale de 2015, de resserrer ce contrôle en restaurant plusieurs mesures abolies par son prédécesseur conservateur Stephen Harper. Il ne rétablit pas cependant le registre national des armes à feu créé en 2005 sous les libéraux mais supprimé en 2012 par les conservateurs.

A dix-huit mois d’une nouvelle échéance électorale, le gouvernement fédéral marche sur des œufs, plusieurs députés libéraux, représentant des circonscriptions rurales, craignant de ne pas être réélus s’il adoptait des mesures déplaisant aux chasseurs et aux collectionneurs. Exit donc un registre des armes et place à des règles moins controversées afin, a précisé M. Goodale, d’être « juste envers les propriétaires et les entreprises d’armes à feu responsables et respectueux des lois ».

Le projet de loi apporte plusieurs modifications au régime actuel. Il renforce les vérifications des antécédents – judiciaires et de violence pour cause de maladie mentale – de tout demandeur d’un permis de port d’armes. Sa détention devra aussi être vérifiée par tous les vendeurs auprès de la gendarmerie, qui gardera ainsi trace des acheteurs. Les commerçants devront tenir un inventaire et un registre de leurs ventes. Enfin, est rétablie l’interdiction de transporter sans autorisation spécifique une arme « prohibée ou à autorisation restreinte », sauf pour l’emporter du magasin à son domicile ou du domicile au stand de tir.

Les conservateurs ont exprimé leur crainte de voir le gouvernement « restaurer le registre des armes à feu par la porte de derrière » en obligeant les commerçants à consigner leurs ventes. La Coalition canadienne pour le droit aux armes à feu clame sa déception. Son président, Rod Giltaca, estime que le gouvernement « ne s’attaque pas au problème grandissant de la violence commise avec des armes sans permis et perpétrée par des gangs de rue », alors qu’il impose de nouveaux « tracas administratifs » aux honnêtes propriétaires d’armes. L’examen du projet de loi au Parlement dans les mois qui viennent promet d’être houleux.