Documentaire sur Arte à 22 h 50

Elle était l’une de ces créa­tures aux courbes vo­luptueuses, une « busty blonde » (« blonde à gros seins »), telle que les producteurs de ­cinéma la voyaient, elle et quelques autres starlettes au corsage abondamment garni. Jayne Mansfield (1933-1967), qui s’appelait Vera Palmer avant son premier mariage, rêvait d’être une nouvelle Shirley Temple. Mais, après une décoloration radicale en blonde platine, elle devint une sorte d’ersatz de Marilyn Monroe, dont elle copiait les mines mutines, les petits cris aigus. Au rayon des mensurations, en revanche, elle battait le record.

Marilyn de substitution

L’actrice, rappelle Patrick Jeudy dans son documentaire, comprit vite à quel point ses 101 cm de tour de poitrine allaient la servir. Elle se fit photographier volontiers en contre-plongée, orchestra des « accidents de garde-robe » et fut « la première vedette du ­cinéma d’une telle notoriété » à se montrer nue à l’écran pour relancer l’attention du public masculin et empocher les revenus nécessaires à son train de vie dispendieux. Mais, à son plus haut, Jayne Mansfield ne fit que des films secon­daires et ne connut que quelques ­années de succès, quand elle finit par être la remplaçante d’une ­Marilyn Monroe que les studios ne voulaient plus engager en raison de son ­imprévisibilité. ­Mansfield avait fini par se substituer à celle dont la presse disait pourtant qu’elle n’était que « la doublure d’une imitation »…

Jayne Mansfield au bras de son mari, Mike Hagerty, lors de la cérémonie d’ouverture du Festival international du film de Berlin en 1955. / DPA PICTURE-ALLIANCE/AFP

Victime d’un système machiste ? Mansfield prouva plutôt le contraire par une crâne obstination à faire ce qu’elle voulait. Les studios lui déconseillaient de se marier ? Elle épousa un Tarzan en la personne d’un ancien culturiste dont elle appréciait les pectoraux. On désapprouvait ses grossesses ? Elle fit cinq enfants, de trois pères différents, et afficha une vie dissolue, qui le fut plus encore quand elle versa dans l’alcool et le LSD.

La fin de carrière de Mansfield fut un peu misérable : empâtée, à la dérive, l’actrice, sans réelle ­filmographie, continuait de fasciner la clientèle masculine des ­night-clubs miteux où elle se produisait avant de rentrer mettre au lit sa progéniture. C’est au retour d’une de ces soirées que l’automobile de l’actrice percuta un ­camion et lui fit perdre la vie.

Jayne Mansfield, la tragédie d’une blonde, de Patrick Jeudy (Fr., 2014, 50 min).