La sociologue s’insurge contre le véganisme qui met en péril l’activité d’élevage traditionnel et profite à l’industrie des produits de substitution à la viande. Elle s’est justifiée dans « Libération » le 19 mars.

Pour Jocelyne Porcher, zootechnicienne et sociologue (ici le 20 mars à Montpellier), « Respecter les animaux n’est pas antinomique avec le fait d’accepter leur mort ». / Alain Tendero/Divergence-images

Une ex-éleveuse heureuse

Jocelyne Porcher a commencé sa carrière comme secrétaire dans une grande entreprise parisienne. Mais, à 25 ans, elle quitte tout pour élever des brebis, une parenthèse enchantée. Plus tard, elle découvre la violence de l’élevage industriel dans une porcherie industrielle bretonne où elle travaille un temps. Après avoir obtenu un diplôme d’ingénieure agricole, elle se consacre à la recherche et s’intéresse aux relations entre éleveurs et animaux.

Une militante fervente

À l’automne 2015, elle cofonde le collectif Quand l’abattoir vient à la ferme avec Stéphane Dinard, éleveur en Dordogne. Il s’agit d’offrir aux petits éleveurs qui refusent que leurs animaux finissent à l’abattoir la possibilité de tuer leurs bêtes à la ferme, soit en construisant une salle d’abattage, soit en utilisant un abattoir mobile. « Respecter les animaux n’est pas antinomique avec le fait d’accepter leur mort. »

Une voix discordante

Dans une tribune parue dans Libération, Jocelyne Porcher dénonce « le mauvais coup que porte le véganisme à notre mode de vie, à l’agriculture, à nos relations aux animaux et même aux courants végétariens traditionnels ». Pour elle, les végans « ne sont pas des révolutionnaires mais les idiots utiles du capitalisme ». Car, en remplaçant la viande par des produits transformés, le véganisme nous placerait encore plus entre les mains des industriels.

La bête noire des végans

Parce qu’elle s’oppose aux discours et aux méthodes de ceux qui luttent pour l’abolition de l’élevage et des abattoirs – dont l’association L214 –, Jocelyne Porcher est devenue une des meilleures ennemies des militants végans. « Je reçois beaucoup de mails dans lesquels on me traite de personne sans cœur, sans compassion. Mais mon moteur, ce n’est pas la compassion, c’est le respect des animaux. »