Hommage devant le commissariat de Carcassonne. / ERIC CABANIS / AFP

Trois jours après les attaques dans l’Aude qui ont fait quatre morts, la polémique enfle sur la lutte contre le terrorisme et le suivi des individus radicalisés. S’appuyant sur le fait que l’auteur des faits, Radouane Lakdim, un petit délinquant condamné pour des délits de droit commun, avait été signalé pour sa radicalisation, plusieurs personnalités, principalement à la droite de l’échiquier politique, relancent le débat sur le suivi des personnes « fichées S ».

Laurent Wauquiez a ainsi demandé, lundi 26 mars, dans une déclaration à la presse, le rétablissement de l’état d’urgence, dénonçant ce qu’il appelle « la coupable naïveté » d’Emmanuel Macron dans la lutte contre le terrorisme. « La contagion islamiste doit être éradiquée, a fait valoir M. Wauquiez. Je demande que l’on s’en donne les moyens et que l’état d’urgence soit rétabli. »

Le président des Républicains a également exigé l’instauration de mesures qu’il défend depuis plusieurs années, comme l’internement des « fichés S » de nationalité française « les plus dangereux » et l’expulsion des ressortissants étrangers qui font l’objet de la même surveillance.

Marine Le Pen a, elle, demandé la démission du ministre de l’intérieur Gérard Collomb « dont les premiers mots devant la caméra c’est de dire “nous ne savions pas qu’il était radicalisé” ». Le président de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, a aussi réclamé le rétablissement de l’état d’urgence, l’expulsion des « fichés S » étrangers et l’interdiction des Frères musulmans et du salafisme.

L’outil de la rétention administrative

Dimanche, l’ancien premier ministre Manuel Valls a évoqué plusieurs pistes, comme l’interdiction du salafisme, et suggéré de regarder « de près les questions liées à la rétention administrative » pour les « fichés S » « dont on considère qu’ils représentent un danger ».

« Je ne vois pas comment on peut mettre ça en place », a répondu lundi la sénatrice PS Laurence Rossignol sur LCI. « On a déjà du mal à traiter le problème de la radicalisation en prison. (…) Faire des rétentions administratives, c’est rassembler ensemble les “fichés S” (…) mais là encore c’est des bouillons de culture de la radicalisation, donc je ne crois pas que ce soit la bonne solution », a poursuivi la sénatrice de l’Oise.

L’assaillant de l’Aude, Radouane Lakdim, abattu par les forces de l’ordre après une équipée meurtrière à Carcassonne et Trèbes, est un Français d’origine marocaine. Né au Maroc le 11 avril 1992, il est arrivé en France dans les premiers mois de sa vie et a été naturalisé en 2004, à l’âge de 12 ans. Il était « fiché S » et avait fait l’objet d’un suivi par les services de renseignement en 2016 et 2017. Mais aucun « signe précurseur pouvant laisser présager un passage à l’acte terroriste » n’avait été décelé, selon le procureur de la République de Paris, François Molins.

Sa compagne, placée en garde à vue après l’attaque vendredi qui a fait quatre morts dans l’Aude, est aussi fichée pour radicalisation, a-t-on appris lundi de sources concordantes.

Près de 20 000 personnes sont aujourd’hui inscrites, comme Radouane Lakdim, au fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT). Sur ce total, 11 000, les plus sensibles, sont « prises en compte » par les services qui analysent leur dangerosité avec pour objectif de prévenir les passages à l’acte.