En 2018, les secteurs préférés des jeunes diplômés qui s’apprêtent à rejoindre le marché du travail sont ceux perçus comme les plus rémunérateurs : la banque, l’audit et le conseil. C’est ce que révèle le palmarès Universum, publié mardi 27 mars en exclusivité pour Le Monde. Cette société suédoise, spécialisée dans la marque employeur, interroge chaque année, depuis 1999, quelque 40 000 étudiants des grandes écoles de commerce et d’écoles d’ingénieurs sur l’employeur qui les fait rêver.

Le Monde

37 902 jeunes interrogés

Sur 37 902 jeunes diplômés interrogés, 21 302 étudiants d’écoles de commerce et de management et 14 786 étudiants issus d’écoles d’ingénieurs ont répondu, d’octobre 2017 à février 2018, à l’institut de sondage international Universum, spécialisé dans la marque employeur (l’image de marque d’une société auprès de ses employés), afin d’établir le classement des entreprises qui les font le plus rêver. Les 1814 restants sont en double cursus. Les jeunes interrogés dans 154 établissements sont de niveau master. Ils ont une moyenne d’âge de 22,4 ans ; 53 % sont des hommes et 47 % des femmes.

Un questionnaire semi-assisté, comprenant 130 noms d’entreprises, est soumis aux étudiants, invités à désigner leur « top 5 employeurs ». Ils peuvent, en plus, citer spontanément d’autres noms, ce qui explique l’entrée de nouvelles sociétés dans le palmarès d’une année sur l’autre. La première édition française du sondage Universum des employeurs préférés des jeunes diplômés a été réalisée en 1999.

D’octobre 2017 à février, 37 902 jeunes ont ainsi été invités à se prononcer sur une liste de 130 noms d’entreprise ou à proposer un ou deux noms de leur choix. En répondant à cette nouvelle enquête, ils ont aussi désigné leurs trois secteurs d’activité prioritaires.

Le podium des cinq entreprises favorites des jeunes diplômés est intangible, ou presque. Le luxe est plébiscité, comme chaque année, par les futurs commerciaux, tandis que l’aéronautique et la défense le sont par les futurs ingénieurs. LVMH, L’Oréal Group, Google, Chanel, Apple sont les cinq employeurs préférés des étudiants en école de commerce et de management. Airbus Group, Google, Thales, Safran et Dassault Aviation, sont ceux des élèves ingénieurs.

La rémunération privilégiée

La surprise du palmarès 2018 vient de l’attractivité des banques et autres établissements financiers. Dans un contexte de reprise économique et de retour de la confiance, c’est le secteur qui marque la plus forte progression sur un an, aux dépens de l’industrie en très léger recul. Dans le classement établi par les élèves ingénieurs, JP Morgan a ainsi gagné 15 places ; Goldman Sachs, 13 ; BNP Paribas, 12 ; la Société générale, 6, et HSBC, 4.

Dans celui des étudiants en école de commerce et de management, où ces entreprises sont mieux classées, HSBC gagne 8 places, JP Morgan 7, BNP Paribas 5, la Banque de France 4 et enfin Goldman Sachs, Société générale et Mazars 3 chacune. « Avec la hausse des recrutements, la période est plutôt forte pour les jeunes diplômés des grandes écoles, qui deviennent de plus en plus exigeants, d’abord en termes de rémunération. Ils se tournent cette année vers des entreprises qui sont très orientées sur la performance financière », commente Aurélie Robertet, la directrice Universum France et Benelux.

Les prétentions salariales sont à la hausse, mais génèrent un creusement des inégalités hommes-femmes.

Les étudiants sont toujours en quête de sens et d’utilité au sein de l’entreprise et de la société. Pour 41 % des élèves ingénieurs, le premier objectif de carrière est de trouver un emploi « dédié à une cause » ou « qui contribue à rendre les choses meilleures ». Mais ils privilégient, cette année, la rémunération à l’environnement de travail. Dans la grille des quarante critères d’attractivité retenus par les étudiants pour identifier leurs employeurs préférés, les plus cités sont : « la perspective de revenus élevés » et « la compensation des heures supplémentaires ».

Amazon gagne 13 places

Les prétentions salariales sont à la hausse, mais génèrent un creusement des inégalités hommes-femmes. En effet, « les jeunes diplômés prétendent à 2 % de plus qu’en 2017, tandis que les élèves ingénieures et les étudiantes en écoles de commerce ne demandent quasiment rien de plus », explique Aurélie Robertet.

L’édition 2018 du palmarès Universum réserve quelques évolutions remarquables. Du côté des hausses : Amazon a été saluée par les étudiants des écoles de commerce (+ 13) et réévaluée par les jeunes ingénieurs (+ 4) ; et Deloitte prend la tête des cabinets de conseils laissant derrière lui Ernst & Young, détrôné pour la première fois depuis dix ans.

Du côté des chutes remarquables : Blablacar, entrée en 2016 au palmarès Universum a, semble-t-il, mangé son pain blanc. Concurrencé en 2017 par SNCF Ouigo et les cars Macron, le leader du covoiturage recule de dix places dans la sélection des étudiants en école de commerce. Les élèves ingénieurs font, quant à eux, chuter Parrot et ses drones de 13 places. Une volatilité qui peut donner à réfléchir aux jeunes entreprises qui font cette année leur entrée dans le palmarès, comme Deezer ou Kusmi Tea.

Quelques secteurs font toujours figure de mal-aimés. La distribution et l’agroalimentaire poursuivent leur chute : Danone et Nestlé sortent pour la première fois du top 10.

Quant à l’énergie, quatrième secteur retenu par les élèves ingénieurs, il est boudé dans les écoles de commerce depuis 2008. Ultime note d’optimisme : le secteur enregistre cette année sa première embellie depuis 2013 grâce à l’attractivité d’Engie.