L’homme d’affaires franco-béninois Sébastien Ajavon, candidat malheureux à la dernière élection présidentielle au Bénin, a créé, samedi 24 mars, un parti politique baptisé l’Union sociale libérale (USL). Au milieu de centaines de militants réunis en congrès à Djeffa, à une cinquantaine de kilomètres de Cotonou, il a tenu un discours très critique sur la gouvernance du président Patrice Talon, élu en 2016.

« Notre pays va mal et nous ne pouvons pas croiser les bras. Je suis là avec vous et pour vous. Je refuse la stratégie de la terreur qui impose le silence », a déclaré, sous les applaudissements, le président d’honneur du nouveau parti. « Je n’ai plus de doute aujourd’hui que le pouvoir que nous avons érigé a tourné le dos aux aspirations du peuple. Les recettes de l’Etat souffrent », a affirmé l’homme d’affaires, surnommé « le roi de la volaille », qui a fait fortune dans l’agroalimentaire.

Le bureau de l’USL est composé de quinze membres, notamment des nouveaux venus en politique et d’anciens partisans de l’ex-président Thomas Boni Yayi. Plusieurs personnalités, comme l’ancien président de la République Nicéphore Soglo, étaient présentes samedi. M. Ajavon a promis à ses soutiens un « engagement irréversible » et une « détermination totale », notamment dans la perspective des élections législatives prévues en 2019 au Bénin.

Une grogne sociale croissante

Candidat à la présidentielle de 2016, Sébastien Ajavon était arrivé troisième avec 23 % des voix, avant de soutenir un autre homme d’affaires, Patrice Talon, qu’il a contribué à faire élire au second tour face à Lionel Zinsou. Mais les relations entre les deux hommes se sont vite dégradées après la présidentielle, M. Ajavon ayant été visé par la justice dans plusieurs affaires.

Arrêté en octobre 2016 après la découverte d’environ 18 kg de cocaïne d’une valeur estimée à 9 milliards de francs CFA (14 millions d’euros) dans un conteneur destiné à l’une de ses sociétés, il a été relaxé quelques mois plus tard. Puis, en août 2017, il a fait l’objet d’un redressement fiscal de 167 milliards de francs CFA portant sur une évasion fiscale de plusieurs de ses sociétés pour les années 2014, 2015 et 2016. Enfin, octobre, il a été inculpé pour « faux en écriture publique, complicité de faux en écriture publique, usage de faux et escroquerie » à la suite d’une plainte déposée par la direction des impôts en 2009, selon plusieurs sources judiciaires.

Patrice Talon a fait fortune dans le coton avant de se lancer en politique, mais son orientation libérale suscite de vives inquiétudes et une grogne sociale croissante, notamment dans le secteur public, frappé par plusieurs mouvements de grève depuis plusieurs mois.