La ministre autrichienne des affaires étrangères, Karin Kneissl (nommée sur pro­­po­sition du parti d’extrême droite FPÖ) et le chancelier Sebastian Kurz, le 9 mars à Vienne. / LEONHARD FOEGER / REUTERS

Elles ont coûté, jusqu’ici, quelque 60 milliards d’euros aux pays européens – et 40 à la Russie – et suscitent traditionnellement des débats : les sanctions adoptées contre la Russie, en 2014, après l’annexion de la Crimée et le crash du vol MH17 dans l’est de l’Ukraine, n’ont jamais fait une réelle unanimité en Europe. L’empoisonnement de Sergueï Skripal et de sa fille a toutefois amené une série d’Etats à franchir un nouveau palier avec l’expulsion de diplomates russes. Une dizaine de pays ne se sont pas ralliés à cette décision.

L’Autriche invoque sa neutralité, son gouvernement affirmant vouloir « maintenir ouverts les canaux de communication avec la Russie ». Le pays – qui n’est pas membre de l’OTAN – dit se considérer comme « un pont entre l’Est et l’Ouest ». Le Parti de la liberté d’Autriche (FPÖ, extrême droite), allié du chancelier Sebastian Kurz, est lié par un « accord de coopération » au parti Russie unie du président russe, Vladimir Poutine.

Maintenir le dialogue : c’est aussi l’espoir du premier ministre belge Charles Michel, qui s’est, comme M. Kurz, rendu récemment à Moscou. Il devait adopter une décision sur les expulsions, mardi 27 mars. La situation est d’autant plus délicate pour lui que son pays, siège de l’OTAN et de l’UE, abrite de très nombreux diplomates russes.

Ligne prudente

La Grèce – qui a félicité M. Poutine pour sa réélection – s’était ralliée à contrecœur aux sanctions de 2014, mais veut attendre les preuves définitives dans l’affaire de Salisbury. Elle s’interroge périodiquement sur les mesures de rétorsion à l’égard de la Russie, que le premier ministre Alexis Tsipras voulait appeler à la rescousse au plus fort de la crise financière qui frappait son pays en 2015.

La Bulgarie s’inquiète de l’escalade actuelle. Une position défendue aussi, il y a peu, par la Hongrie de Viktor Orban, désormais ralliée au camp des « durs ». La Slovaquie va se contenter de convoquer l’ambassadeur russe. Le Portugal se demande si les expulsions sont l’outil le plus approprié « compte tenu de la gravité de la crise actuelle ».

Chypre, terre d’accueil et d’investissement pour les capitaux russes, et qui a par ailleurs permis à la flotte russe d’accroître sa présence en Méditerranée, campe aussi sur une ligne prudente. Malte et le Luxembourg se disent, eux, solidaires, mais incapables de procéder à des expulsions, qui signifieraient une rupture de fait de leurs relations diplomatiques.

Une éventuelle aggravation des sanctions, évoquée par Donald Tusk, le président du Conseil européen, ne fera sans doute qu’illustrer davantage la désunion des Vingt-Huit.