Agnès Buzyn n’est pas favorable à un durcissement des messages de santé publique contre l’alcool. Interrogée sur RTL mardi 27 mars, la ministre de la santé s’est dite opposée à un remplacement du message de prévention « l’abus d’alcool nuit à la santé » par une nouvelle mention plus catégorique, « l’alcool nuit à la santé ».

Cette formule « peut laisser penser qu’on est pour une action de prohibition, c’est-à-dire qu’on ne veut pas d’alcool du tout, or ce n’est pas le cas aujourd’hui », estime Agnès Buzyn. « C’est une recommandation du Haut Conseil de santé publique » mais « je pense qu’il faut informer les Français sur le fait que l’alcool nuit à la santé de manière proportionnelle à la dose et que chacun doit être en capacité de choisir » sa consommation d’alcool, a-t-elle ajouté.

Des médecins critiquent une politique « en deçà de la gravité du problème »

La nouvelle mention « l’alcool nuit à la santé » était réclamée notamment par neuf médecins dans un communiqué diffusé lundi. Ces derniers estimaient que le plan de prévention santé dévoilé par le gouvernement lundi ne comportait que des mesures « cosmétiques » de lutte contre l’alcool, « bien en deçà de la gravité du problème ». « Le vin a encore gagné », écrivaient-ils.

Les signataires sont le professeur Michel Reynaud, président du Fonds action addiction, les président et vice-président de l’Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (ANPAA) Nicolas Simon et Bernard Basset, Irène Frachon (pneumologue à Brest), Catherine Hill et Serge Hercberg (épidémiologistes), Amine Benyamina (psychiatre, addictologue), Albert Hirsch (Ligue contre le cancer) et Gérard Dubois (Académie de médecine).

Emmanuel Macron critiqué après ses propos sur le vin en février

« Moi, je bois du vin le midi et le soir », a affirmé Emmanuel Macron le 23 février au Salon de l’agriculture, rejetant tout amendement pour durcir la loi Evin « tant [qu’il sera] président ». Cette déclaration a été critiquée par la plupart des spécialistes, qui rappellent que l’alcool serait responsable d’environ 49 000 morts prématurées par an en France, ce qui en fait la deuxième cause de mortalité évitable derrière le tabac (78 000 morts environ).

Interrogée mardi sur sa capacité à « lutter contre le lobby de l’alcool », Agnès Buzyn s’est défendue de renier ses convictions, elle qui avait notamment déclaré au début de février que le vin était, selon elle, un « alcool comme un autre ». « Il y a un lobby, mais ma bataille n’est pas de lutter contre les lobbies, elle est de faire de l’information et je maintiendrai les messages de santé publique que j’ai toujours donnés sur la nocivité proportionnelle » de la consommation d’alcool, a-t-elle expliqué.

La principale mesure du plan de prévention santé présenté lundi sur ce sujet est l’augmentation de la taille du pictogramme pour les femmes enceintes.