Martin Semayr au second plan, derrière Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, à Strasbourg, le 13 mars. / VINCENT KESSLER / REUTERS

Faute avouée à moitié pardonnée ? Aux eurodéputés d’en décider. La promotion controversée de Martin Selmayr, bras droit du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, au poste de secrétaire général de l’institution était une décision à caractère « politique », a reconnu mardi 27 mars le commissaire Günther Oettinger devant des eurodéputés.

M. Oettinger, chargé du personnel de la Commission, a une nouvelle fois défendu la régularité de la nomination surprise de son compatriote allemand. Martin Selmayr est passé le 21 février du poste de chef de cabinet de M. Juncker à celui de secrétaire général de la Commission, les fonctions les plus élevées dans l’administration de l’institution. « Après des examens répétés, nous sommes désormais convaincus que les règles ont été totalement respectées », a assuré le commissaire au cours d’une audition devant la commission du contrôle budgétaire du Parlement européen.

Le commissaire a toutefois reconnu un caractère politique à cette nomination. « C’est avant tout une décision de fond, mais bien entendu aussi politique », a reconnu M. Oettinger pendant une audition de plus de deux heures pendant laquelle il a défendu les qualités « personnelles et professionnelles » de M. Selmayr. « Un président de la Commission, dans les cercles de pouvoir les plus élevés, a besoin de personnes de confiance sur lesquelles il puisse s’appuyer politiquement aussi, a-t-il fait valoir. Il y a bien entendu des nécessités administratives, mais il y a aussi un besoin de gestion politique intelligente. »

Une nomination reprochée par les eurodéputés

Plusieurs eurodéputés ont reproché à la Commission le manque de transparence de la procédure de cette nomination au cours d’une réunion des commissaires européens le 21 février. Martin Selmayr avait obtenu le poste de secrétaire général adjoint de la Commission, pour lequel il avait postulé, puis, quelques instants plus tard, avait été promu au poste de secrétaire général, qui n’avait pas fait l’objet d’un affichage.

Les Verts allemands furent les premiers à se saisir du « Selmayrgate » : « La manière dont Martin Selmayr a été nommé jette le discrédit sur les institutions européennes. Si les règles ont été respectées, alors il faut les changer », avait estimé l’élu Sven Giegold. La Commission a assuré que les règles avaient été « suivies religieusement », mais a fini par admettre que M. Selmayr avait été le seul candidat auditionné pour le poste.

Un tel « transfert » d’un poste de fonctionnaire à un autre ne peut être qu’exceptionnel, a fait valoir une responsable du service juridique du Parlement européen mardi, estimant qu’il fallait que la situation soit « grave, sérieuse et urgente » pour le justifier.

La Commission avait déjà adressé aux eurodéputés dimanche 80 pages de réponses à leurs 134 questions sur cette nomination controversée, défendant une décision « en conformité totale avec le règlement intérieur et les règles de procédure de la Commission ».