L’intérieur du canard en plastique, particulièrement difficile à nettoyer, accumule les bactéries / Ferdinand Ostrop / AP

Les petits canards en plastique qui barbotent dans les bains des petits sont de dangereux prédateurs : le Conseil fédéral suisse a publié, mardi 27 mars, un inquiétant communiqué intitulé « Les vilains petits canards de bain », qui fait état des conclusions d’une étude très sérieuse sur la question : tout corps (en plastique) plongé dans l’eau déjà polluée par nos ablutions devient une véritable bombe à bactéries et champignons.

Une équipe de chercheurs de l’Institut de recherche sur l’eau Eawag, de l’école polytechnique fédérale de Zurich, et de l’université de l’Illinois (Etats-Unis) a placé des canards tout neufs pendant onze semaines dans de l’eau propre, et un autre groupe de canards dans de « l’eau de bain usagée contenant des restes de savon, de la saleté, de la sueur et des bactéries accompagnatrices du corps humain ».

Légionelles et bactéries résistantes

Les canards découpés et examinés au laboratoire ont révélé qu’entre 5 et 75 millions de cellules avaient trouvé place sur chaque centimètre carré de palmipède. Les canards d’eau de bain sale étaient porteurs de champignons, et 80 % d’entre eux avaient développé des germes potentiellement pathogènes, notamment des légionelles et des bactéries très résistantes.

Le problème vient surtout de l’intérieur du jouet, difficile à nettoyer. « Lorsque l’enfant appuie sur leur ventre pour faire gicler de l’eau, il n’est ainsi pas rare que le jet soit de couleur brune », souligne l’étude.

« Cela peut renforcer leurs défenses immunitaires. A ce moment-là, c’est plutôt positif, commente très sérieusement le microbiologiste Frederik Hammes, de l’Eawag. Mais cela peut également provoquer des irritations des yeux et des oreilles ou des infections gastro-intestinales plus problématiques. » Il suggère de durcir la réglementation sur les polymères utilisés dans les jouets destinés à flotter dans nos baignoires.