« Oui, c’est exclu. » Gérald Darmanin, ministre de l’action et des comptes publics, a confirmé, lundi 26 mars, qu’il n’y aurait pas de nouveau report de la réforme du prélèvement à la source. Dimanche, Pierre Gattaz, président du Medef, avait demandé « un moratoire » afin « que l’on puisse beaucoup mieux préparer ce sujet », avait-il précisé.

A partir du 1er janvier 2019, l’impôt sur le revenu sera donc bien, comme prévu, collecté directement par les entreprises sur les salaires et non plus un an plus tard, comme c’est le cas aujourd’hui. Annoncée sous le quinquennat Hollande, la réforme avait été reportée d’un an par la nouvelle majorité.

Lundi, M. Darmanin a pu se rendre compte lors d’un comité de suivi, à Beauvais, avec les représentants locaux du patronat, combien le sujet était sensible. Un an de plus ?

« Cela aurait été nécessaire, estime Sébastien Covelli, qui gère une entreprise de boulangerie (six boutiques, quarante-cinq salariés). Ça fait deux ans qu’on nous en parle mais on n’a toujours pas la méthodologie. Tout va être fait dans la précipitation et le premier semestre 2019 sera compliqué à gérer. Par ailleurs, nous serons collecteur de l’impôt, mais quelles contreparties aurons-nous ? »

Le gouvernement assure qu’un guide a déjà été envoyé aux entreprises, que le comité de suivi se réunira tous les mois et que 1 500 expérimentations se dérouleront dans l’année. M. Darmanin a également rappelé que « beaucoup d’allégements de charges » avaient été octroyés aux entreprises. Certes, a-t-il reconnu, la mise en œuvre de la réforme leur coûtera de « 300 à 400 millions d’euros ». Mais, d’un autre côté, l’obligation d’utiliser dorénavant la « déclaration sociale nominative » leur fera économiser 1,5 milliard d’euros. « Les économies, on ne les mesure pas », affirme cependant M. Covelli.

« Une démarche qui va dans le bon sens »

Olivier Remoissonnet, directeur général de La Brosserie française, « seul fabricant français de brosses à dents », était également présent à la réunion. S’il regrette « une carence au niveau de l’Etat », il estime, lui, qu’il ne faut pas attendre : « On se plaint que notre pays ne bouge pas. Alors quand une démarche va dans le bon sens, il faut y aller. Même si les choses se font dans la douleur. »

Lundi soir, en tout cas, le Medef a réitéré ses réserves, demandant dans un communiqué que l’impôt soit « prélevé directement par le fisc sur le compte du contribuable ». « Les entreprises n’ont ni l’envie ni les moyens de se transformer en conseiller fiscal de leurs salariés », précise l’organisation patronale.