Didier Deschamps et Kylian Mbappé, le 27 mars, à Saint-Pétersbourg. / FRANCK FIFE / AFP

Quels enseignements Didier Deschamps pourra-t-il bien tirer des deux matchs de préparation de mars ? A moins de trois mois de l’ouverture de la Coupe du monde en Russie (14 juin-15 juillet), le sélectionneur de l’équipe de France paraît bien en peine de répondre précisément à cette question. Dans les entrailles du somptueux Stade Krestovski de Saint-Pétersbourg, l’une des enceintes les plus onéreuses de l’histoire (son édification a coûté entre 700 millions et 1,3 milliard d’euros selon les estimations), le technicien s’est félicité d’avoir procédé à une large revue d’effectif au terme de la victoire poussive (3-1) de ses protégés, mardi 27 mars, contre le pays hôte du prochain tournoi planétaire.

Un succès sans relief acquis grâce à un doublé du jeune prodige – 19 ans – Kylian Mbappé et à une banderille plantée par un Paul Pogba tranchant. « On est globalement parvenu à manier vitesse et technique. Evidemment, certaines choses m’ont déplu. On peut et on doit faire mieux », a reconnu Didier Deschamps, quatre jours après avoir houspillé ses joueurs, branchés sur courant alternatif et logiquement battus (3-2) par la Colombie de Radamel Falcao au Stade de France.

« On a eu du mal à mettre du rythme, de l’intensité »

Pour défier la très friable équipe russe, tombée dans les profondeurs (63e rang) du classement de la Fédération internationale de football, le Bayonnais avait effectué sept changements et misé sur la vitesse de son jeune trident d’attaquants – 20 ans de moyenne d’âges – composé de Kylian Mbappé, Ousmane Dembélé et Anthony Martial. Les lacunes criantes de la « Sbornaïa », confrontée à un « trou » générationnel, ne lui ont guère permis de se rassurer pleinement sur le plan offensif. En revanche, il a apprécié la solidité affichée par le défenseur central Laurent Koscielny (32 ans), qui disputera cet été sa dernière compétition internationale avec les Bleus, et la belle prestation du néophyte Lucas Hernandez (22 ans), lancé pour la première fois en sélection.

Ces deux matchs amicaux de mars représentaient l’ultime étape avant la divulgation par Didier Deschamps, mi-mai, de la liste des joueurs convoqués pour le Mondial. « Je dispose d’encore plus de réponses qui vont me permettre d’ouvrir ma réflexion pour la liste, a déclaré le sélectionneur, qui n’avait pu retenir plusieurs éléments blessés ou tout juste sortis de l’infirmerie (Kingsley Coman, Nabil Fekir, Alexandre Lacazette). Il va falloir faire des choix. Mais il reste encore du temps car les joueurs ont encore beaucoup de matches à disputer d’ici le 15 mai. »

A Saint-Pétersbourg, les Bleus oscillaient entre satisfaction et agacement. « On doit être plus conquérants. Il faut qu’on arrive à travailler cela parce que le Mondial va arriver vite », a confié le milieu Blaise Matuidi. « Aujourd’hui, c’était encore un peu laborieux, même si le résultat est là, a concédé le gardien et capitaine Hugo Lloris, spectral contre la Colombie. Il faut s’améliorer à tous les points de vue. Est-ce que c’est la période du mois de mars qui nous a fait jouer de cette façon ? Je ne sais pas. Encore une fois, aujourd’hui, on a eu du mal à mettre du rythme, de l’intensité. »

« Collectivement, la marge de progression est énorme »

« On ne doute pas. Collectivement, la marge de progression est énorme », a assuré le portier des Bleus, déjà tourné vers le premier match de sa formation au Mondial, le 16 juin, à Kazan, contre la modeste sélection australienne (37e au classement FIFA). En lice dans une poule particulièrement abordable (avec également le Pérou et le Danemark), l’équipe de France poursuivra sa préparation en affrontant trois nations privées du Mondial cet été : le 28 mai, elle défiera l’Irlande, avant de retrouver l’Italie, le 1er juin, puis les Etats-Unis, huit jours plus tard.

A l’heure où les grandes nations (Espagne, Angleterre, Brésil) du football mondial semblent déjà très affûtées, les Bleus sont-ils suffisamment armés pour ambitionner de figurer dans le dernier carré du tournoi, l’objectif assigné par le président de la Fédération française de football, Noël Le Graët ? « C’est vrai qu’on n’a pas été réguliers dans le jeu, c’est une réalité. Dans les moments difficiles, on n’a pas su se serrer les coudes. D’autres équipes en revanche sont prêtes aujourd’hui », a estimé Blaise Matuidi, finaliste malheureux de l’Euro 2016 et éliminé en quarts lors du Mondial brésilien de 2014.

S’ils veulent revoir la pelouse du magnifique et très dispendieux Stade Krestovski de Saint-Pétersbourg, sur les bords de la Neva, les Bleus devront atteindre les demi-finales de la Coupe du monde.