Entre 1 500 et 3 000 personnes ont participé à l’Assemblée générale à l’université de Montpellier-III Paul-Valéry, mardi 27 mars, qui s’est prononcée pour une « occupation illimitée ». / SYLVAIN THOMAS / AFP

Après la journée de manifestations et l’évacuation violente d’étudiants de la faculté de droit de Montpellier, jeudi 22 mars, le mouvement contre la réforme de l’accès à l’université s’est poursuivi ou intensifié dans cette ville ainsi qu’à Nantes, Bordeaux, Lille, Toulouse et Paris. Des assemblées générales ont ainsi rassemblé, mardi, « entre 1 500 et 3 000 » personnes à Montpellier-III, et plus de 900 à Nantes. Tour d’horizon.

A Montpellier, une AG a réuni mardi à l’université Paul-Valéry entre 1 500 et 3 000 étudiants et personnels ; lesquels se sont prononcés à « une très large majorité », selon les syndicats, en faveur d’une « occupation illimitée ». Les débats, qui ont duré cinq heures et demie, ont opposé des étudiants favorables à la poursuite des blocages, venant souvent de l’université Paul-Valéry, à des « anti-blocus » appartenant notamment à la faculté de droit, qui appartient à une autre entité administrative, l’université de Montpellier. « On est dégoûtés par ce qui s’est passé, mais on a le droit de pouvoir étudier », a soutenu au micro un étudiant en troisième année de droit, appelant à aller « bloquer la préfecture, la mairie, le rectorat plutôt que les facs ». Hors micro, plusieurs enseignants ont avoué leur « émotion » et leur « inquiétude » face à des « violences extrêmement graves, particulièrement au sein d’une enceinte universitaire ». Les votants ont aussi réclamé que le doyen de la faculté de droit soit « démis de ses fonctions de professeur », ou que les vigiles présents dans l’amphithéâtre au moment des incidents soient « jugés pour non-assistance à personnes en danger ». Plusieurs centaines d’étudiants ont défilé en centre-ville à l’issue de l’AG. Une nouvelle assemblée était prévue mercredi en fin de journée.

Le président de l’université Paul-Valéry, Patrick Gilli, a déploré dans un communiqué la poursuite du blocage. Il a annoncé que les examens seraient maintenus et porteraient « sur les enseignements qui auront été dispensés ». La faculté de droit de Montpellier rouvrira de son côté mardi 3 avril et pour y accéder les cartes d’étudiant devront être présentées.

A l’université de Nantes, les cours avaient repris lundi au campus lettres, après une semaine largement perturbée par les blocages. Une AG étudiante qui devait s’y tenir mardi a finalement investi, faute de place, le grand amphithéâtre de la faculté de droit, alors qu’un cours venait de commencer. Les plus de 900 personnes présentes, selon le syndicat étudiant UNEF, ont voté en faveur de journées d’actions et de blocages en semaine, et de manifestations « dans toutes les villes, tous les samedis à partir du 7 avril ».

A l’université de Bordeaux, le site de La Victoire reste bloqué. Les collèges de sciences de l’homme, sciences et technologies et santé ont « réorganisé les cours qui pouvaient l’être en les reprogrammant sur d’autres sites ou à distance pour cette semaine du 26 au 30 mars », précise l’université de Bordeaux sur Facebook. Les activités administratives et de recherche de ce site ont également été relocalisées dans la mesure du possible. Après dix jours d’occupation, l’établissement estime la situation « de plus en plus tendue » et « en appelle à la responsabilité de chacun pour éviter que ce site ne soit le terrain d’affrontements ou de violences ». Le collectif « Bordeaux Victoire contre la sélection » annonce de son côté qu’il recevra la prochaine « coordination nationale des luttes » les 31 mars et 1er avril, et dément « toute aggravation des conditions du blocage ».

A l’université de Lille, un rassemblement d’environ 200 personnes s’est tenu mardi soir pour protester contre des violences commises la veille devant la faculté de droit, durant une assembléer générale d’étudiants. « Des rumeurs faisant état de militants de Génération identitaire [groupe d’extrême droite] ont circulé. On est sorti et j’ai vu quelqu’un à terre se prendre des coups de pied par au moins quatre personnes, puis les agresseurs sont partis », a expliqué l’un d’eux, doctorant en sciences politiques, à l’AFP. Une manifestation était prévue mercredi à Lille, notamment « contre les interventions policières et fascistes sur les campus universitaires ».

A l’université de Toulouse-II Jean-Jaurès, une assemblée générale rassemblant étudiants et personnels a voté mardi la poursuite du blocage (983 pour et 648 contre), jusqu’à la prochaine AG prévue jeudi, malgré les appels des directeurs de composante et des groupes « anti-blocage ». L’université, où le mouvement a débuté mi-décembre, est totalement à l’arrêt depuis le 7 mars, avec une double revendication : renonciation au projet de fusion avec l’université Paul-Sabatier et deux écoles d’ingénieurs, l’INP et l’INSA, et l’abandon de la réforme de l’accès aux études supérieures. L’administrateur provisoire Richard Laganier, nommé par le ministère après avoir mis fin au mandat du président de l’université, annonce de son côté vouloir « consacrer la semaine (…) à organiser le dialogue au sein de l’établissement afin d’apporter des réponses concrètes et tangibles aux inquiétudes qui [lui] ont été exposées ».