Au total, 920 emplois sur 1 187 seraient repris par LDC et ses associés, selon les offres combinées dévoilées jeudi 29 mars. / FRED TANNEAU / AFP

Personne ne l’avait vu venir. Candidat de la toute dernière heure, le groupe français LDC, connu pour ses marques Loué, Le Gaulois et Maître Coq, se retrouve néanmoins en position d’ultra-favori pour la reprise partielle de Doux, l’ancien numéro un européen du poulet.

Avec ses partenaires, dont le saoudien Al Munajem et la coopérative Terrena, actuel actionnaire majoritaire de Doux, LDC propose, en effet, de reprendre ou reclasser l’essentiel du personnel. Au total, 920 emplois sur 1 187 seraient repris par LDC et ses associés, selon les offres combinées dévoilées jeudi 29 mars par Terrena. Par ailleurs, 418 propositions de reclassement dans d’autres sites seraient présentées aux salariés non repris.

LDC dispose en outre du soutien d’une partie des politiques qui suivent le dossier. La région Bretagne est prête à investir 15 millions d’euros dans le projet. Le sénateur (LR) de Vendée Bruno Retailleau est lui aussi favorable à cette solution. « Le modèle de Doux, axé sur des exportations subventionnées, ne fonctionnait plus, analyse-t-il. Il faut monter en gamme, et reconquérir le marché français. C’est exactement l’objectif de LDC. »

Le « poulet du quotidien »

Un autre industriel, l’ukrainien MHP, a bien déposé une offre, mercredi 28 mars, auprès du conciliateur nommé par le tribunal de Quimper, afin de récupérer les meilleurs morceaux de Doux. Mais sa proposition paraît nettement inférieure. Dans l’immédiat, MHP ne reprendrait en effet que 285 postes, dans les deux usines de Quimper (Finistère) et Plouray (Morbihan) et au siège de Châteaulin (Finistère). N’étant pas implanté en France, il ne peut proposer de reclassements dans des sites voisins. Les trois quarts du personnel se retrouveraient donc au chômage. MHP évoque cependant la construction d’ici à deux ans d’une nouvelle usine ultra-moderne à Châteaulin, pour remplacer les installations actuelles. Cela permettrait de réembaucher alors 430 personnes supplémentaires.

La candidature de LDC paraissait jusqu’à présent exclue. Plusieurs fois sollicité ces dernières années, le groupe familial avait toujours refusé de s’intéresser à Doux. Pas question pour une entreprise ayant tout misé, avec succès, sur les marques et les produits élaborés de se mettre à produire des poulets bas de gamme exportés congelés au Moyen-Orient.

Tout récemment, quand les pouvoirs publics ont une nouvelle fois appelé LDC à l’aide, le groupe s’est néanmoins penché sur le dossier. « Tout a été monté en une dizaine de jours », confie Denis Lambert, le patron de LDC. Et cette fois-ci, les familles aux commandes du groupe ont dit oui. Deux éléments ont en effet changé. D’abord, LDC a commencé depuis quatre ans à investir sur le marché de moyen de gamme, dit du « poulet du quotidien », en achetant des usines à Glon et – déjà – Doux. « Un poulet consommé sur quatre en France est désormais importé, on ne peut pas regarder cela sans réagir », juge M. Lambert.

Surtout, LDC a trouvé un accord avec Al Munajem, le principal client de Doux. Le groupe saoudien est prêt à se charger de l’abattoir de Châteaulin, « redimensionné à ses besoins pour le marché du grand export ». A lui seul, Al Munajem reprendrait 347 salariés à Châteaulin. Avec des partenaires, dont LDC, Terrena et la région Bretagne, il pourrait aussi racheter les sites de Bannalec (Finistère) et La Harmoye (Côtes-d’Armor), ce qui porterait à 450 le total des emplois repris par le groupe saoudien. L’usine de Plouray, passerait, elle, dans le giron de la société Les Volailles de Plouray.

« Dans la mesure où nous n’aurons pas à nous occuper du grand export, le dossier Doux est devenu intéressant pour nous », explique M. Lambert. LDC pourra ainsi se consacrer à ce qui s’intègre dans sa stratégie, en reprenant le site de produits élaborés de Quimper et en construisant à Châteaulin une nouvelle usine d’abattage et de découpe de volailles pour les marchés industriels et la restauration. Un investissement évalué à 55 millions d’euros.

Le conciliateur et le gouvernement vont maintenant étudier les deux offres et tenter de faire monter les enchères. Puis le tribunal de Rennes tranchera entre les deux propositions. Une première audience est prévue le 4 avril, à l’issue de laquelle la société Doux, lâchée par son actionnaire Terrena, devrait être placée en liquidation.

Quelle que soit l’offre retenue, l’abattoir de Chantonnay et le couvoir de l’Oie, en Vendée, qui emploient au total 180 personnes, semblent condamnés. Sur place, une cellule de reclassement est déjà en train de se mettre en place.