Comptoir Air France à l’aéroport de Nice, le 30 mars. / ERIC GAILLARD / REUTERS

Sirènes hurlantes et sono bruyante étaient au rendez-vous, vendredi 30 mars, à l’occasion du rassemblement des salariés d’Air France devant le forum de la cité des personnels navigants à Roissy. Pour ce troisième jour de grève, l’intersyndicale qui rassemble dix organisations représentant toutes les catégories de personnels de la compagnie aérienne a souhaité faire une démonstration de force.

Pour ce troisième jour de conflit, la mobilisation ne semble pas faiblir avec un taux de grévistes qui varie de près d’un tiers pour les pilotes et s’établit autour de 30 % pour les autres catégories de personnels. « Il y a déjà eu plus de 300 annulations de vols », signale Sandrine Techer, secrétaire de section du Syndicat national du personnel navigant commercial (SNPNC). Avant le démarrage de cette troisième grève en quelques semaines, Air France prévoyait pourtant d’assurer les trois quarts de son programme de vols. Notamment en battant le rappel de personnels non grévistes et en ayant recours a des affrètements.

Les grévistes réclament toujours une augmentation générale de 6 %. Un simple « rattrapage de l’inflation » selon eux après que les salaires ont été bloqués pendant six ans. Pas d’accord, rétorque la direction de la compagnie. Selon elle, cette mesure lui coûterait 240 millions d’euros. Elle viendrait s’ajouter aux 200 millions d’euros déjà accordés sous forme de hausse des rémunérations (+ 1 %), d’augmentations individuelles et d’intéressement. En pratique, se défend Air France, c’est la grande majorité des 590 millions d’euros de bénéfices enregistrés en 2017 par la compagnie qui seraient absorbés par ces hausses de salaires.

« Il n’y a plus de négociations en ce moment »

En interne, les positions se figent. Pourtant, la compagnie avait semblé vouloir lâcher un peu de lest aux pilotes. Mais « cinq réunions de négociations très longues avec la direction » n’ont donné aucun résultat, déplore Philippe Evain, président du Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL). Il s’étonne « qu’à aucun moment, au cours de ces rencontres n’ont été évoquées les augmentations de salaires ». Selon le dirigeant syndical : « Air France avant de commencer de discuter a mis des préalables. Elle a exigé des concessions. »

La direction aurait notamment réclamé aux pilotes de faire évoluer le périmètre de Transavia, filiale à bas coûts d’Air France. La compagnie souhaiterait échanger une augmentation des rémunérations des pilotes contre l’autorisation d’accroître le nombre de destinations et d’avions de la flotte de Transavia. Une manœuvre de diversion pour le patron du SNPL. Selon lui, la direction « ne souhaite pas vraiment négocier mais elle n’assume pas » ce choix.

A raison de 26 millions d’euros par jour de grève, selon les chiffres d’Air France, la facture du conflit risque d’être très salée pour la compagnie. Au troisième jour de grève, la note s’élève déjà à près de 80 millions d’euros. Et ce n’est pas fini. Au contraire ! Aux dires de M. Evain, « il n’y a plus de négociations en ce moment » avec la direction. Ferme sur ses revendications, l’intersyndicale a déjà appelé à la grève les 3 et 7 avril.