LES CHOIX DE LA MATINALE

Que diriez-vous de profiter de ce week-end de Pâques pour aller admirer les couleurs de l’œuvre de Frantisek Kupka au Grand Palais ; découvrir les hypnotiques Emigrants, de W. G. Sebald, au Théâtre de la Bastille ; revisiter quelques histoires célèbres avec Elodie Mora à La Maison du conte de Chevilly-Larue ; fêter les 15 ans du label Ed Banger avec l’Orchestre Lamoureux au Grand Rex ?

EXPOSITION. Kupka, magicien de la couleur, au Grand Palais, à Paris

« Autoportrait » (1910), de Frantisek Kupka, huile sur toile, 46 x 55 cm. / ADAGP, PARIS 2018/NATIONAL GALLERY IN PRAGUE 2018

Tour à tour symboliste, mystique, naturiste, anarchiste, scientiste, Frantisek Kupka (1871-1957) a fait une entrée fracassante dans l’histoire de l’art du XXe siècle en exposant au Salon d’automne de 1912 les deux premiers tableaux abstraits jamais montrés au public.

Ils le sont de nouveau, avec près de 240 autres, dessins et peintures, au Grand Palais à Paris, dans ce qui est la meilleure rétrospective de ce printemps parisien : elle dévoile une œuvre foisonnante, luxuriante, travail d’un merveilleux dessinateur, d’un maître de la composition, d’un fou d’harmonies colorées, bref, d’un des plus grands artistes de son temps, qui voulait « produire une fugue en couleurs, comme Bach l’a fait en musique ». Harry Bellet

« Kupka. Pionnier de l’abstraction ». Galeries nationales du Grand Palais, Paris 8e. Tous les jours, sauf mardi, de 10 heures à 20 heures, le mercredi de 10 heures à 22 heures, jusqu’au 30 juillet. Entrée : 14 €.

THÉÂTRE. Les hypnotiques « Emigrants » de Sebald au Théâtre de la Bastille, à Paris

« Les Emigrants », de W. G. Sebald, mis en scène par Volodia Serre au Théâtre de la Bastille à Paris. / VICTOR TONELLI/HANSLUCAS

On l’appelait The Ghostchaser (« le chasseur de fantômes »). Il s’appelait W. G. Sebald (1944-2001), c’était un écrivain allemand qui avait choisi de vivre en Angleterre, et qui a laissé une œuvre magnifique, dont témoignent Les Emigrants, portés au théâtre par Volodia Serre.

Dans ce livre, Sebald suit le chemin de quatre vies qui recoupent la sienne, celles de son instituteur, de son grand-oncle émigré aux Etats-Unis, d’un médecin chez qui il a logé dans le Norfolk, et d’un peintre de Manchester qu’il a bien connu. Volodia Serre nous entraîne dans ce puzzle du souvenir, au cours d’un spectacle en deux parties, dont il vaut mieux éviter la seconde, ratée. La première, en revanche, touche au cœur même des Emigrants, de Sebald, dont l’écriture précise et hypnotique abolit la frontière entre les vivants et les morts. Il reste une occasion de découvrir cette belle réussite, samedi 31 mars, à 17 heures, au Théâtre de la Bastille. Brigitte Salino

« Les Emigrants ». Théâtre de la Bastille, 76, rue de la Roquette, Paris 11e. Tél. : 01-43-57-42-14. Durée : 1 h 30. Tarifs : de 15 € à 25 €.

ARTS DE LA PAROLE. Un méli-mélo d’histoires à La Maison du conte, à Chevilly-Larue

La conteuse Elodie Mora dans son spectacle « Sous la peau ». / MARIE GUILLAUME

Et si le Petit Poucet se glissait entièrement dans des bottes de sept lieues et grandissait pour finir par avoir une barbe, non pas noire, mais bleue… La jeune conteuse Elodie Mora prend un malin plaisir à mélanger les histoires que tout le monde croit connaître par cœur.

Tout commence avec les petits cailloux blancs semés sur un chemin par le Petit Poucet, et on se retrouve au final avec un Barbe Bleue, en faisant quelques détours par d’autres récits célèbres revisités pour l’occasion. Elodie Mora invite le public à se perdre avec elle dans la forêt des contes et à jouer à se faire peur… pour de rire. Cristina Marino

« Barbe Blues », de et avec Elodie Mora. A partir de 8 ans. Samedi 31 mars à 16 heures (séance scolaire vendredi 30 mars à 10 heures). La Maison du conte, 8, rue Albert Thuret, Chevilly-Larue (Val-de-Marne). Tél. : 01-49-08-50-85. Tarif adulte : 6,50 €.

ELECTRO. Les 15 ans d’Ed Banger, avec l’Orchestre Lamoureux, au Grand Rex, à Paris

Vladimir Cauchemar - Aulos (Official Music Video)
Durée : 02:52

Fondé en 2003 par Pedro Winter, ex-manager de Daft Punk, connu sous le nom de Busy P, le label Ed Banger a été l’un des moteurs les plus vrombissants de la scène électro française, grâce aux singles et albums de figures comme Justice, Cassius, Mr Oizo, SebastiAn, Breakbot, Boston Bun, l’excentrique Vladimir Cauchemar ou le regretté DJ Medhi.

Pour fêter ses 15 ans, la joyeuse bande a choisi de confier, le 31 mars, le meilleur de son répertoire aux instruments acoustiques de l’Orchestre Lamoureux et à la baguette de son chef, Thomas Roussel. Une façon de sacraliser, via l’interprétation classique, les as du nightclubbing ? Ou une nouvelle façon de faire la fête ? Avant une vraie nuit dancefloor, après le concert, au Rex Club, avec aux platines : SebastiAn, Cassius, Breakbot… Stéphane Davet

Grand Rex, 1, boulevard Poissonnière, Paris 2e. Tél. : 01-45-08-93-89. Samedi 31 mars à 20 heures. Tarifs : de 35,20 € à 68,20 €.

SPECTACLE MUSICAL. « Passage en revue » aux Feux de la rampe, à Paris

« Passage en revue », de et avec Estelle Danière. / LES FEUX DE LA RAMPE

Chanteuse, chorégraphe, comédienne, meneuse de revue, notamment aux Folies Bergère, Estelle Danière propose avec le spectacle Passage en revue, présenté au théâtre Les Feux de la rampe, à Paris, un récit-tour de chant, hommage au monde du music-hall et parcours, le sien, d’une femme artiste avec des espoirs et des déceptions, d’une femme amoureuse, avec d’autres joies, d’autres peines.

Accompagnée au piano par Patrick Laviosa ou Philippe Brocard, elle construit le répertoire à partir de chansons interprétées par Zizi Jeanmaire et quelques airs de comédies musicales (Quand ça balance, La Croqueuse de diamants, Les Bleus, Je suis comme je suis, Nine, citation de Surabaya Johnny…). Voix précise, elle met son art de la danse au service de chaque chanson par des mouvements exacts, en accord avec les textes. Ceux des chansons et ceux d’une histoire qui mêle drôleries, tendresses, souvenirs de moments cruels. Sylvain Siclier

« Passage en revue », de et avec Estelle Danière. Les Feux de la rampe, 34, rue Richer, Paris 9e. Mo Le Peletier, Grands-Boulevards. Tél. : 01-42-46-26-19. Lundi 2 avril à 20 heures (dernière lundi 9 avril). Tarifs : de 17 € à 25 €.

DANSE. Une version hip-hop de « L’Oiseau de feu » à l’Opéra Bastille, à Paris

« L’Oiseau de feu », chorégraphié par Farid Berki à l’Opéra national de Paris. | UGO PONTE

Dans le cadre de la programmation jeune public danse et opéra régulièrement proposée par l’Opéra national de Paris, le chorégraphe hip-hop Farid Berki, breaker autodidacte, à la tête de la compagnie Melting Spot depuis 1994, offre une version pulsante pour dix interprètes de L’Oiseau de feu, sur la musique d’Igor Stravinsky.

Passionné par l’œuvre du compositeur, Berki, qui a déjà mis en scène plusieurs relectures de Petrouchka, s’attaque à cette vision décalée de L’Oiseau de feu en hommage à Alfonso Cata, directeur du Ballet du Bord, qui se risqua en 1984 à confronter danse classique et hip-hop sur cette partition de Stravinsky.

Farid Berki assista à ce spectacle, qui a marqué son style généreusement métis, épris de contemporain comme de flamenco. Sa recréation de L’Oiseau de feu met en scène de jeunes danseurs avec le désir de transmettre aux nouvelles générations « la nécessité absolue de croiser les disciplines artistiques, de créer des espaces de rencontre et décloisonner les champs artistiques ». Rosita Boisseau

« L’Oiseau de feu », de Farid Berki. Amphithéâtre Bastille, Opéra Bastille, Paris 12e. Vendredi 30 mars, à 14 heures et à 20 heures, samedi 31 mars à 15 heures. A partir de 8 ans. Tél. : 08-928-990-90. Tarifs : de 5 € à 15 €.

PHOTOGRAPHIE. Guillaume Herbaut au sommet de l’Arche de la Défense, à Puteaux

Larissa (48 ans) est l’une des dernières habitantes de la ville de Poliske (Ukraine), située dans la zone interdite. Cette ville de 20 000 habitants a été évacuée dix ans après la catastrophe nucléaire. Aujourd’hui, une dizaine d’habitants y vivent encore. / GUILLAUME HERBAUT/INSTITUTE

Le billet qui donne accès au sommet de l’Arche de la Défense permet de contempler Paris et la banlieue depuis la terrasse, mais aussi de visiter le vaste espace dédié au photojournalisme qui expose en grand le travail de Guillaume Herbaut.

Ce photographe français s’est fait un nom avec une œuvre singulière, qui a délaissé l’actualité chaude pour traiter plus largement de la mémoire et du traumatisme. A partir de lieux pollués et hantés, pendant des décennies, pas les événements qui s’y sont passés, il crée des images à la fois très réelles et étranges, dans des atmosphères de contes de fées et de cauchemar : à Tchernobyl, Auschwitz ou Nagasaki, Herbaut a trouvé des êtres qui mènent des existences normales mais sous-tendues par une mémoire lourde à porter. Un travail qui, loin de donner tout à voir, fonctionne en faisant appel à l’imaginaire. Claire Guillot

« Pour mémoire », jusqu’au 13 mai, toit de la Grande Arche, 1, parvis de la Défense, Puteaux, tous les jours de 9 h 30 à 16 h 30. Tarif : 15 €. Catalogue de l’exposition, texte de Michel Poivert, CDP Editions, 116 pages, 25 €.