Des milliers de manifestants se sont rassemblés pour commémorer le jour de la Terre, vendredi 30 mars. / MOHAMMED ABED / AFP

Au moins cinq Palestiniens ont été tués vendredi 30 mars par des soldats israéliens à la frontière de la bande de Gaza, au premier jour d’un vaste mouvement de protestation annoncé de longue date. Intitulé « la marche du retour », ce mouvement doit culminer le 15 mai, jour de la Nakba (la grande « catastrophe » que fut l’expulsion de centaines de milliers de Palestiniens lors de la création d’Israël).

Le premier homme abattu, un Palestinien de 25 ans, a été touché par des tirs à l’estomac, à l’est de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, selon le ministère de la santé local.

Un autre homme avait été tué avant même le début des manifestations dans le sud de l’enclave, selon la même source. Un porte-parole de l’armée israélienne a expliqué que deux « suspects » s’étaient approchés de la barrière et que des chars avaient tiré dans leur direction.

Importants renforts israéliens

Le Croissant-Rouge palestinien a recensé vendredi 54 manifestants blessés par des tirs de soldats israéliens lors des affrontements aux abords de la barrière qui clôt la frontière de Gaza avec Israël, un endroit qui est régulièrement le théâtre de heurts coûtant la vie à des Palestiniens.

Les manifestants avaient convergé en plusieurs points de rassemblement le long de cette barrière à l’occasion du lancement du mouvement de protestation, censé durer six semaines, pour exiger le « droit au retour » des réfugiés palestiniens et dénoncer le strict blocus de Gaza par Israël.

Le premier jour de ce mouvement coïncide avec la « Journée de la terre », un hommage annuel rendu à six Arabes israéliens tués en 1976 lors de manifestations contre la confiscation de terres par Israël.

L’armée israélienne a averti dans la presse que « plus de cent snipers » seraient déployés le long de la clôture de sécurité frontalière, en plus des unités supplémentaires mobilisées pour l’occasion. / SAID KHATIB / AFP

Un porte-parole de l’armée israélienne a confirmé que des milliers de Palestiniens participaient vendredi à des rassemblements à « six endroits » dans la bande de Gaza. « Ils font rouler des pneus enflammés et lancent des pierres vers la barrière de sécurité et les troupes israéliennes qui recourent à des moyens antiémeute et tirent en direction des principaux meneurs », a ajouté le porte-parole.

« L’armée israélienne a imposé une zone militaire fermée autour de la bande de Gaza et toute activité dans ce secteur nécessite son autorisation », a déclaré ce porte-parole.

Les dirigeants militaires et les politiques israéliens ont prévenu que l’armée n’hésiterait pas à donner ordre d’ouvrir le feu à des tireurs d’élite en cas de tentative d’infiltration en territoire israélien. L’armée a déployé d’importants renforts à la frontière pour empêcher des infiltrations notamment durant la célébration de Pessah, la Pâque juive, à partir de vendredi soir.

Le sort de Jérusalem, enjeu crucial

Alors que l’Etat d’Israël célébrera en mai ses 70 ans, les Palestiniens attendent toujours la création de leur Etat, qui a rarement paru plus incertaine. Le droit au retour des réfugiés reste une revendication palestinienne fondamentale et, pour les Israéliens, un obstacle majeur à la paix.

Le statut de Jérusalem est également un important point de crispation, encore plus depuis que le président états-unien, Donald Trump, a décidé de reconnaître la ville comme capitale d’Israël et d’y transférer l’ambassade des Etats-Unis.

Cette décision, prise le 6 décembre, puis l’annonce du transfert de l’ambassade américaine à la mi-mai, période qui coïncide avec le 70e anniversaire de l’Etat d’Israël, ont ulcéré les Palestiniens.

Ces derniers veulent faire de Jérusalem-Est, annexée par Israël, la capitale de l’Etat auquel ils aspirent.