Sur la ZAD en janvier 2018. / LOIC VENANCE / AFP

Les occupants de la zone d’aménagement différé (ZAD, renommée « zone à défendre ») de Notre-Dame-des-Landes se préparent à défendre leur territoire face à des menaces d’évacuation, la trêve hivernale, qui interdit les expulsions locatives, prenant fin officiellement le 31 mars.

En annonçant l’abandon du projet d’aéroport envisagé près de Nantes, le premier ministre, Edouard Philippe, avait demandé aux occupants illégaux de « partir d’eux-mêmes » avant le printemps, et avait déclaré le 17 janvier : « Nous devons, si nous voulons respecter la loi, respecter la trêve hivernale. Nous pourrons constater le départ volontaire des occupants le 30 mars. Et si tel n’est pas le cas, nous commencerons à procéder aux expulsions. »

Une évacuation « à partir du 1er avril »

Le 20 mars, le secrétaire d’Etat auprès du ministre de la transition écologique et solidaire, Sébastien Lecornu, venu rencontrer les acteurs du dossier de Notre-Dame-des-Landes à Nantes, avait redit qu’il y aurait bien une évacuation partielle « à partir du 1er avril », sans préciser ni la date ni le nombre de personnes concernées. Le gouvernement a instauré un dialogue avec une délégation de zadistes pour qu’une partie des personnes (entre 150 et 300 selon les estimations officielles) qui vivent dans la ZAD légalisent leur situation et présentent des projets de reprise agricole individuels pour les terres actuellement occupées collectivement.

La préfète des Pays de la Loire, Nicole Klein, a assuré au début du mois de mars que les expulsions se feraient « avec discernement », en visant précisément certains lieux, parmi les 97 squats recensés sur les 1 650 hectares de la zone. Le gouvernement veut éviter de reproduire le scénario de l’opération « César », organisée par le gouvernement de Jean-Marc Ayrault en octobre 2012 : une offensive des forces de l’ordre (900 militaires mobilisés) avait dû être suspendue en raison de violents affrontements avec des zadistes très déterminés.

Les autorités cherchent aussi à ne pas reproduire les erreurs qui conduisirent à la mort de Rémi Fraisse, militant de la ZAD de Sivens, en octobre 2014, lors d’une manifestation contre un projet de barrage hydraulique.

Chantiers collectifs et appel à manifester

Résolus à défendre leur « expérience d’auto-organisation collective », les zadistes ont lancé cette semaine une série de chantiers collectifs (construction de buttes, de bâtiments, de serres…) qui devraient se terminer par une fête le 7 avril, et se préparent à réagir rapidement en cas d’intervention policière.

Mais l’unité des zadistes se fissure depuis l’abandon du projet d’aéroport. Parmi les points de crispation figurent la réouverture de la route départementale 281, dégagée de ses barricades par les zadistes eux-mêmes, et l’avenir des terres agricoles. Les « durs » prônent la poursuite de la lutte, alors que d’autres opposants historiques appellent à un retour à la légalité, tout en défendant un projet collectif.

Parallèlement, vingt-cinq avocats des barreaux de Paris, Rouen et Nantes, représentant les occupants de la ZAD, ont contesté, par une lettre ouverte, la légalité d’une éventuelle expulsion au 1er avril, considérant qu’une procédure judiciaire contradictoire n’avait pas été menée et que les occupants n’avaient pas reçu de commandement de quitter les lieux. Une dizaine de référés devaient être déposés en fin de semaine à l’encontre de la préfecture de la Loire-Atlantique pour confirmer ou infirmer l’existence de procédure d’expulsion. Une démarche similaire avait été entreprise à la fin de 2016 devant le tribunal de grande instance de Nantes, mais les zadistes avaient alors été déboutés.

Notre-Dame-des-Landes : cinquante ans de conflit résumés en 3 minutes
Durée : 03:39